Une vitrine dans la grand rue
Grand rue
Mes origines tiennent à cette inconcevable grammaire
Origine
Ogre
Vie en désordre
Dans la grand rue donc
Une vitrine abrite une maison de poupées
Ou loge une famille de souris
Elles prennent le thé confortablement attablées
Se servent d’une toute petite théière et de tasses rikiki
Rikiki
Le grand
Le petit
Petite je trottais acheter la baguette
Ma ville berçait
Des grands et petits mystères
M’obligeant à des grands ou petits détours
Mais
Somme toute
Les petits mystères
Nourrissent les boules à neige
La neige balayait déjà
Ma terrible imagination
Et je louchais sur le bénitier de l’église
En forme de coquillage
Avec son eau bénite magique
J’ouvrais toujours en cachette
La boite en coquillage de ma grand-mère
Remplie
De jouets Bonux
J’ai fini par grandir
Comme un bonzaï oublié
Mes coquillages me chantent toujours la mer
Aux flots pas très clairs
Dedans des cailloux
Sur lesquels les sirènes chantent pour des marins imaginaires
Comme des tourne disques oubliés là
Répétant inlassablement les mêmes notes coincées dans le creux des rayures
Ruptures d’abimes
Les grands voyages
Les petits voyages
Offrent toujours leurs chants sous la courbe des aurores boréales
Soudain
Le chant des écumes
Est pris d’encens
Et mes sirènes éternuent
Vishnou traverse l’ordre des ondes
Plein gaz
Soyons honnête
En dieux hindous
D’ailleurs très nombreux
Sans compter les avatars
En dieux hindous
Je suis un peu juste
Ils chantent
Ils dansent
Font la fête et la guerre
Un peu comme tout le monde
Ils font du commerce
Ils tiennent l’épicerie de mon quartier
Offrant pour pas très loin
Pas très cher
Un voyage mystique et sans contact
Et nous les mystiques de la bouteille
Ne somment pas très regardant
L’essentiel dans Bénarès c’est la Kro
Ou la 1664
Quant aux dieux protecteurs
Z’ont du boulot
Pourtant
Ames abimées
Nous appelons Vishnou, Hastsezini, Gbimgbo
En gros : tout ceux qui passent
Pour un peu d’attention
Nous les addictifs
Nous prenons chaque dieu en stop au rondpoint
Pour le déposer au carrefour de notre petite épicerie
Et la vie va
Comme les eaux de pluies aux creux des trottoirs
Il y a une mer en toute chose
Un coquillage qui grince
Des chants de sirènes
Des chants de baleines
Et dans chaque iris un peu vague
Des clients
Tanguent un horizon lointain
Un paradis perdu
Sous la mousse blonde
Des cannettes dégoupillées