Aujourd’hui après midi j’ai loupé l’heureEn clinique malgré mes somnifères je ne dors pas ou de façon morcelés.Deux raisons expliquent ce phénomène.Lors de l’une de mes premières hospitalisations, j’ai eu la pétoche. Hagarde j’en sentie une présence dans ma chambre et j’ai mis du temps pour comprendre qu’il s’agissait de la surveillance de nuit de l’infirmière. Moi, groggy, je voyais une présence fantomatique et je collais ma tête sous le drap. De plus dans cette clinique il n’y avait pas que l’infirmière qui circulait mais aussi les insomniaques qui venaient vous raconter leurs existences. Je n’ai jamais refusé d’écouter à une personne qui a besoin de parler, notamment dans une telle institution.L’autre raison est que dans cette clinique aussi malgré tous les soins de chacun j’ai souhaité faire ma valise.On m’a convaincu de me soumettre au traitement, par compensation, je me suis abonnée à la télévision.Or j’ai découvert un monde que jusqu’ici je me refusais ainsi que mon époux.J’ai découvert des émissions qui dépassent toutes imaginations, qui me fait parfois douter du sens des murs, intérieurs-extérieur.Conséquence ;A 13h je dors comme une marmotteEt lorsque je loupe l’heure des activités d’après midi, je suis à la porte.Plus exactement dans notre salon tendu de vieux velours, remplis de fauteuils profonds.Ce salon abrite un clan, difficile d’approche, austère car river à des aiguilles à tricoter et occuper à compter ses mailles.Je l’ai toujours vu à l’œuvre, institution dans l’institut.Le cahier Phildar en main, rien ne semble les arrêter sauf le manque de laine.Une laine qu’elle semble porter sur le dos, tant à l’usage elles se sont mis à ressembler à des brebis.Des brebis à lunettes, mais dans la mousse de leur cheveux blanc j’imagine la confection d’une robe mohair.Elles sont présentes tous les après midi, sur les mêmes fauteuilsSeule la couleur des laines changent.Dans la clinique elles sont un peu nos ancêtres, quenouilles en main, fileuses, philosophes.Une pierre de stabilité sur laquelle nos après midi reposent à les voir maille a l’endroit, maille à l’envers.Je sortirais, elles resteront immuables telles des Parques à l’œuvre.Ainsi fonctionne une clinique psychiatre, un homme qui cherche toujours son chemin, une femme qui à chaque heure demande l’heure, un gamin qui attend de redescendre sur terre un peu, moi que la mélancolie n’abandonne jamais.Une clinique est comme une horlogerie suisse avec tous ces petits personnages qui entrent en action au moment prévu.Un accident de routine est la belle horloge ennuyeuse va en tout sens, les petits personnages s’affolent, manquent leurs entrés, loupent leurs sortie, s’enfoncent dans une angoisse poisseuse.Plus qu’ailleurs notre routine nous est essentielle au maintient de l’équilibre de nos vies si fragiles Est ce la force de ce salon sans âge, de nous donner un sentiment de sécurité, à nous patients sans boussole ?
Billet de blog 12 septembre 2011
le clan des tricoteuses
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