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Billet de blog 12 oct. 2021

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Quelques mots d’amour

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Quelques mots d’amour

Sans doute la fatigue

La suite des jours

Le défilé des nuits

Dans les ambulances

Dans les couloirs aussi blancs que déserts

Dans les salles faites pour attendre

Attendre

C’est le vide que le cœur encaisse en écho

Nul doute viendra

Après

La perte de sens

Sans doute la fatigue d’une mauvaise plomberie

Chacun repart

Bricole

Colmate

L’infirmière filant en vitesse l’ordonnance des médicaments

La maman impatiente de la phrase enfin déchiffrée par l’enfant

Des baffes, erreurs exaspérantes, des baffes tombent

Et les mots vont vites

Comme un torchon qui essuie la table

Sommes toutes, nous fatiguons,

Sur le quai d’un RER

Dans la zone fumeur et le coin café

Nous attendons sans plus attendre

L’espoir se noie dans un hall de gare

Ou au fond de la dernière canette

L’attente est jaune pisseux

Les fleurs de pissenlits aux trottoirs

Portent l’anarchie du printemps

Sous les ponts du périf

Vivent des gens sans existence

A coté

La ruche

Des ouvrières

La mission

Le nectar

La mission

C’est une cadence de zonzons

Peur de perdre les ailes

Une tâche

Une ouvrière

Une âme par tâche

Aujourd’hui

11h18

Consultation vidéo

Fin de consultation

11h21

Une chute, un genou abimé

17 juillet de petits malaises en petits malaise

Chute, entorse à chaque pied, une fracture pour l’un

Attendre

Attendre dans les lits d’attentes

Attendre

Comme en cette zone de douane

Le tapis de l’aéroport

Crache ses néons et ses valises

Et nous courrons

Pour la correspondance suivante

A gauche une femme est tombée

Une femme âgée tombée dans la rue

Les vêtements

Les pansements

Rien ne tient

Rien ne tient

D’autant plus qu’elle rejette

Doucement

Doucement

Très lentement

Une robe en nylon

Des pansements en plastique

Elle rejette

Sans panique frontale

Elle rejette

De l’autre coté

Un homme

Enfin un homme vieux

Vieux

Vieille

Nous hésitons dans nos qualifications

Qui marque les veaux

Au fond d’un bêlement

Nous hésitons

A transcrire l’heure de chacun

Nous

Je l’ai envié d’avoir au grès d’un hasard sauvé un livre

Je ne sauverai pas

Ici la folie n’existe pas

Sinon

La machine

La machine dans un sursaut de conscience

Ou d’âme

La machinerie

Des larmes

S’étoufferait

Allons au plus court

Moi la fille des nerfs

Doit compter

Toucher

Doit rapporter

Nos douleurs

J’envie l’aquarium du poisson rouge

Celui qu’on regarde

A qui on cause

J’envie les aquariums

Nous qui respirons plus

Les mots rares sont précieux

Comme une caresse

Coincé dans une épluchure de secondes

Un regard touche un autre

Sous le sud

Les ailes des hirondelles passent fugitives

A nous raconter l’été

Un soir sous les orangers

Le parfum est aussi bref qu’une écorchure

Bref

Comme le silence

Nous ne sommes pas

Le fruit d’une équation

Moi qui ne sais pas plus écrire que compter

Nous ne sommes plus là

Dans le cercle des périphériques

Les ambulances tournent en rond

Et le silence des médecins aussi

Sur un rebord

Sous un rebord

Aux milieux des enjoliveurs brisés

Nous

Ecoutons

La ville qui tourne

Et nous oublie

Et nous enferme dans chaque maux

Dans le silence

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