Quelques mots d’amour
Sans doute la fatigue
La suite des jours
Le défilé des nuits
Dans les ambulances
Dans les couloirs aussi blancs que déserts
Dans les salles faites pour attendre
Attendre
C’est le vide que le cœur encaisse en écho
Nul doute viendra
Après
La perte de sens
Sans doute la fatigue d’une mauvaise plomberie
Chacun repart
Bricole
Colmate
L’infirmière filant en vitesse l’ordonnance des médicaments
La maman impatiente de la phrase enfin déchiffrée par l’enfant
Des baffes, erreurs exaspérantes, des baffes tombent
Et les mots vont vites
Comme un torchon qui essuie la table
Sommes toutes, nous fatiguons,
Sur le quai d’un RER
Dans la zone fumeur et le coin café
Nous attendons sans plus attendre
L’espoir se noie dans un hall de gare
Ou au fond de la dernière canette
L’attente est jaune pisseux
Les fleurs de pissenlits aux trottoirs
Portent l’anarchie du printemps
Sous les ponts du périf
Vivent des gens sans existence
A coté
La ruche
Des ouvrières
La mission
Le nectar
La mission
C’est une cadence de zonzons
Peur de perdre les ailes
Une tâche
Une ouvrière
Une âme par tâche
Aujourd’hui
11h18
Consultation vidéo
Fin de consultation
11h21
Une chute, un genou abimé
17 juillet de petits malaises en petits malaise
Chute, entorse à chaque pied, une fracture pour l’un
Attendre
Attendre dans les lits d’attentes
Attendre
Comme en cette zone de douane
Le tapis de l’aéroport
Crache ses néons et ses valises
Et nous courrons
Pour la correspondance suivante
A gauche une femme est tombée
Une femme âgée tombée dans la rue
Les vêtements
Les pansements
Rien ne tient
Rien ne tient
D’autant plus qu’elle rejette
Doucement
Doucement
Très lentement
Une robe en nylon
Des pansements en plastique
Elle rejette
Sans panique frontale
Elle rejette
De l’autre coté
Un homme
Enfin un homme vieux
Vieux
Vieille
Nous hésitons dans nos qualifications
Qui marque les veaux
Au fond d’un bêlement
Nous hésitons
A transcrire l’heure de chacun
Nous
Je l’ai envié d’avoir au grès d’un hasard sauvé un livre
Je ne sauverai pas
Ici la folie n’existe pas
Sinon
La machine
La machine dans un sursaut de conscience
Ou d’âme
La machinerie
Des larmes
S’étoufferait
Allons au plus court
Moi la fille des nerfs
Doit compter
Toucher
Doit rapporter
Nos douleurs
J’envie l’aquarium du poisson rouge
Celui qu’on regarde
A qui on cause
J’envie les aquariums
Nous qui respirons plus
Les mots rares sont précieux
Comme une caresse
Coincé dans une épluchure de secondes
Un regard touche un autre
Sous le sud
Les ailes des hirondelles passent fugitives
A nous raconter l’été
Un soir sous les orangers
Le parfum est aussi bref qu’une écorchure
Bref
Comme le silence
Nous ne sommes pas
Le fruit d’une équation
Moi qui ne sais pas plus écrire que compter
Nous ne sommes plus là
Dans le cercle des périphériques
Les ambulances tournent en rond
Et le silence des médecins aussi
Sur un rebord
Sous un rebord
Aux milieux des enjoliveurs brisés
Nous
Ecoutons
La ville qui tourne
Et nous oublie
Et nous enferme dans chaque maux
Dans le silence