Un soir en cliniqueLes soirées sont longues parfois en cliniqueAlors on fait la fêteLes malades aussi ont droit aux fêtes, enfin à celles que nous pouvons.On ne mégote pas ! , le Leader Price est à coté, ceux qui peuvent sortir font des stocks : cacahouètes, chips, apéro cubes et soda, beaucoup de sodas, de toutes les couleurs, de tout les gouts, des simples au plus compliqués, ce sont nos cocktails autorisés.C’est la fête et nous sommes heureuxLes dépressifs aussi veulent du bonheurFaut dire que nous sommes des habituésDépressions chroniques, bipolaires, alcooliques, en voie de classement médical, peu importe parfois : ce parc de clinique est notre lieu d’attraction, d’attraction aigüe même.Sodas doncSodas encoreMême si le sucre alourdie une facture médicamenteuse qui nous rends rond et lourd.Malgré tout chacun a fait un effort de toilette. Le samedi, un marché jouxte la clinique et les filles font des emplettes, à 5 euros la p’tite folie.La vie est belle, entre quelques pilules et quelques perfusionsDiscussions des dernières visitesDes bregins provisoires, car la clinique, comme un transatlantique nous porte hors le monde, ou nos pas perdus nous portent vers d’autres pas tout aussi incertains. Voyageurs de prozac ou autres mixtures, peu importe.Discussions :Des époux déroutésDes enfants en abimesDes arrêts maladies, du travail en panneDes logements sociauxDes droits, surtout de leurs finsEt petit à petit, entre deux sodas, s’ouvrent des abimes d’existences, des vies de bout en bout tendues à la force de rendez-vous.Un bonheur couleur soda, un bonheur artificiel.Un soir, je me suis sauvée,J’ai demandé un changement de clinique.Je pouvais le faire et je suis entrée dans une clinique belle comme un vieux palace suisse. Canapés et moquettes crèmes, loin du bruit du monde, loin de ses trippes.Ce fut une pause.Ma maladie chronique ne demande pas de palace, je suis retournée à mon parc par la suite, mais le soir, je lis dans ma chambre. Le soir, je ne suis souvent pas disponible.Quant à cette chronique, je la dédicace à un ami qui n’est plus mon ami, ainsi vont les amitiés de clinique. A cet ami, célibataire dans son sixième étage, sous les toits de paris et qui n’ira pas voter : il est royaliste et le roi, c’est lui !
Billet de blog 13 mai 2011
un soir en clinique
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