Interlude
Remonter au début
Toucher
Les rebords
Des vitres de la serre
Les stalactites de glace
Et le dégel
Dégivre l’hiver
Et mon enfance
Remonter la rivière
Dénudées autour des poissons rouges
Remonter la source
Dans le sable
Roule l’or des fougères
Brouillard des mondes
Les petites filles ne savent que faires
Cueillirent les racines et les fleurs invisibles
Faire des tentes avec les vieux tapis oubliés
Petites squaws
Effacer le présent
Plus encore le futur
Clore le compte :
« Enfance en devenir »
Ne pas être là
Où
Sommes toutes
On n’est nullement attendu
Si peu désiré
Ce sentiment d’être non conforme
Aller simplement sur ses petites pattes
Directement
Vers le vase brisé
Le vice caché
Et la mort
Ronge les nœuds du tapis
Doucement
Le soleil abime ses couleurs
Le cramoisie
L’outre-mer
A côté du dégel
L’eau perce l’œil
Et tu verses des larmes d’hivers
La disparition du chat
La disparition de grand-mère
Apprendre à compter
Quand on se compte
Du cœur qui tonne
Je suis une aveugle
A volonté
Dans le feu des liqueurs
J’oublie
Le corps est pris d’un feu de joie
Mes yeux sont pris d’inondation
Je suis la fille qui pleure
Des ruisseaux inoubliés
Vivre au bord
De l’argile
Tout est fragile
Tout inonde
Sommes toutes
Je suis tenace aux zéros
La championne du carnet de note à l’envers
Celui qui condamne à l’existence invisible
Mes zéros d’orthographes
Mes zéros mathématiques
J’ai vécu mon enfance sur l’ile des zéros
A écouter les reproches des pierres tombales
La petite dodue aux rêves de danseuse étoile
Celle qui courait dans le jardin
Promenant Pipiou son chat
Dans un landau
Celle qui entendait
Les guerres intérieures des adultes
La violence
Je n’aimais comme aucune autre
Les interludes télévisuels
Ces images grippées
Par jour de grève ORTF
Les sortilèges du petit train
Jetant des devinettes au ciel
Dans la fumée de sa locomotive
Dans ces verres
Demander un interlude à la vie
Rêver de petit train énigmatique
Ou rêver de train de nuit traversant
Des passages à niveau sauvages
Retourner
Plonger dans le centre du zéro
Dans ses nœuds bricolés
Chercher les portes de secours
Les deltas aux oiseaux enchantés
Et sous leurs envols
Voir la mer grises
Avaler les pâtés et les murailles
Nos châteaux d’enfance
Comme la dernière offrande
De notre première vie d’adulte