Les naufragés du A
Quand Philémon prenait son âne pour se perdre au font des puits
Pour trouver le A d’un océan perdu
Croiser les iles des arbres à bouteille
On faisait provision de A en rêvant doucement d’atlantique
Malheureuses l’erreur du rêveur
Et je suis rêveuse
Et de laisser le monde à d’autres
Qui ignorent le rêve
Ignorer le rêve
C’est ne connaitre l’or
Que sous forme
De monnaie
Abandonner les salons profonds
Les bijoux barbares
Ces cils sur ces joues
Ce vieux Baudelaire
au désastre
des poussières de bibliothèque.
Croire au monde que l’on bâtit
Sourd
Aux yeux des enfants
Aux mains des femmes
A l’organisation des hommes
chassant les morts
ignorant les fantômes
Indifférant à l’errant
L’homme qui marche et découvre
Étranger dans la ville
Et vois tout ce que l’on ne voit pas
Ignorer le rêve
C’est ignorer le génie.
Mais le monde semble fait
D’ignorants régisseurs
Qui mènent le monde
Dans un méandre de règles
Qu’ils
Commissionnent, budgétisent, amendent, ratifient, dénoncent, interprètent, publient, édictent, appliquent,
dans une cacophonie absolue,
A comme absurde.
Pendant ce temps
Sur le quai d’une gare sans non
Le rêveur boit sa dernière bouteille
Celle à deux euro cinquante
Avant les deux euro soixante
C’est écrit sur le journal
Celui sur lequel il dort ou repose sa tête
C’est écrit donc
Que ce serait dur pour tout le monde
Et même pour les exclus de ce monde
Et même pour les exclus des pensées des régisseurs
Une pensée grise et sans soleil
De suie de charbons et de chaines d’usines
Pleine du désespoir de tant de génération
Une pensée grise et sans soleil
Chargé de A abscond
Lourd de A aveugle
Plein de A abandonnés