L’aube blanche épouse les arbres du matin
Dans la brume s’agitent comme des voiles de mariées
Des souvenirs de nuits brutes
Font ciller l’écorce des arbres
Les épinent des muriers rouges
Peinent à retenir leurs larmes
Un cygne traverse le lac
Le temps est de cristal
Le silence transperce le jour
Tout Juste un bruit
Un cœur de nénuphar
Battant sous la glace
Là-bas sur le chemin
Un passant marche vite
Délivré du poids de son ombre
Il y aura la débâcle inscrite dans une première emprunte
De l’eau pour libérer le canal
Une plume grise perdu dans la boue d’un marécage
Les envols des oies sauvages
Le jeu des écureuils
Des pas sur des sentiers de sables
Le chant des vagues
L’océan épousant l’odeur des pins
les genets jaunes caresseront les promeneurs
Sur le chemin : une plaque
Rappelle le nom du lieu
Offre une cartographie
Des bouts de phares s’égarent
Des oratoires s’oublient sous de vieux chênes
Puis le soir viendra
Les arbres tendrons les bras
Pour recevoir la nuit
L’univers vibrera de couleurs guerrières
Rouges et dorées oriflammes lutteront
Martyriseront le noir de la nuit
La nuit toquera aux fenêtres des maisons
Dans une pièce trop obscure pour écrire
Je me souviendrais
D’un homme
Regardant comme moi les étoiles
La lande
La mer
La lune
Le soleil
Les arcs en ciel
Mais là-bas
Là-bas
J’ai donné mes mots à mon vieux chien
Ma langue au chat
Désormais
Les lauriers sont coupés
Nous les laisserons fanés
Ami
Ami dont j’aimais les mots
Ecoute ce silence…