Une ville en baie de somme
Quand le ciel
Lèche la terre
Le nuage prend la route
Il Laisse comme une trainée d’escargot
Une brillance
Sur le bitume
Un baiser aux feuilles des arbres
Givre leurs derniers émois
Quand le ciel
Entame
Bonhomme
Sa balade des bords de mer
La mer ralentit infiniment
Infirment
L’écume est distraite
Les coquillages sont perdus
Comme les rares châteaux de sable
Encore prisonnier du marchand de sable
Ont oublié les visages
Les mitaines
Des enfants démiurges
Le brouillard est un royaume
Dans sa langueur
Dans sa cruauté
Il clou le ciel
Au bois des passerelles
Des chemins de dune
Novembre
En baie de somme
Peu de mer en somme
Une départementale s’enfonce
Dans l’appel blanc d’une mer qui se refuse
A peine
Un bruit de houle
A peine
Des cris de mouettes
La bas un chien fou courent
Toute langue pendante
Traverse l’inconnu
Prêt à aimer
Tout inconnu
La ville
Est fixe
Comme un cristal de gel
On bouge tout doucement
On parle tout doucement
Pour ne briser
Ce charme
D’un silence à l’écoute des brumes automnales
La ville hors saison
S’offre enfin
Aux émois serrés du ciel et de la terre
La boutique des jeux d’enfants
Est enfin fermée
Le cerf volant peut dormir tranquille
La boutique de pull
Solde ses invendus
Quelques mailles un peu défaites
Reste le café des habitués
Avec le journal du pays
Le croissant du boulanger
Une église marque onze heures
Pour rappeler le court des choses
Alors dans le brouillard
Emergent quelques vieilles femmes
Elles vont à la crevette et aux soles
Puis aux légumes de saison
Font la queue
Parle un peu
Le caddie plein
Elles s’en retournent dans le brouillard
Le vieux aussi
Apres les nouvelles du jour commenté entre vieilles canailles
Un peu de mauvaises fois
Un peu de grattage
Un peu de météo
Alors le vieux aussi
S’en repartira
Rejoindre sa vieille
Dans le brouillard
Novembre
Le ciel se promène
En ville
Dans l’église
Des bougies brillent devant des bateaux de bois
L’église est un port
Pour les morts en mer
Novembre
Le ciel se glisse jusque dans les veines des humains
Un peu d’eau salée et beaucoup de solitude
Des arbres chercheront leurs socles au fond des marais
Des canards chercheront les joncs des marées
Glisse une mélancolie fine comme un feu de cheminé
Ici des cœurs fantômes passeront l’hiver à même le ciel
Des anges descendront un peu
Dans l’âtre de ces maisons si ramassée d’isolement
Des anges descendront un peu
Il s regarderons avec les vieux
Un peu la télé
Et ne manqueront pas
De caresser le chat
Ici
Il faut croire à la mer
Comme au saint esprit
Sauf à disparaitre des choses vivantes