A barbes on descend pour monter
C’est souvent ainsi dans les faubourgs
A barbes c’est pas cher
Vu que c’est du semblant
Les parfums
Les cigarettes
Le luxe
Et le royaume du plastique s’ouvre à moi
tant la chimie est carnassière
tant je suis la proie des choses qui brillent
Enfant
Le petit mouchoir décoré d’éléphant
Parfumé à la lavande
Que tu ne me donnais pas
Méprisante
Des choses de peu de gout
Adulte
Aujourd’hui
Cette eau violette dore au fond de tous mes ressacs
A barbes
les perles
morceaux de verre
jouent sous le soleil
à se prétendre jade.
a barbes
les couleurs insolentes
forcent les yeux
Dans mon monde de myope
J’attrape ce qui bouge
A barbes
Oh oui
Ça bouge beaucoup
Le licite
Et l’illicite
La morale élastique du marchand
La naïveté consentie de l’acheteur
Le rire de merle menteur
Le rire des caniveaux
Qui charrient
Nos histoires comme des fruits trop murs
A barbes j’ai troqué la flanelle grise
Mon déguisement d’enfant sage
Pour un perfecto made in china
Sur un bout de robe multicolore
Et c’est un perroquet chamboulé qui promène sa frimousse
dans l’anarchie des bazars.
A Barbes
je marche en riant
d'être simplement en liberté
sur le pavé
Et je marche en titubant
Car rien n’est droit à Barbes
la main contre
ces monticules de tissus
D’or et d’argent mêlés
De tous ce que nous avons pas
Désirons tant
Comme une vie surexposée
De lèvres trop rouge
Et de voiture trop rapide
la main caresse
les étalages de tissus synthétique
fruit de chenilles psychédéliques
d'improbables papillons des faubourgs populaires
Mon drap de nuit
A barbes
éclaire
des rêves phosphorescents
Mais l’heure s’allonge
Sur le sol l'ombre du réverbère grandit
l'eau du caniveau
captive la lumière
A barbes je suis de jour
je m'en retourne
A barbes je laisse la nuit
je m'en retourne
laisse
le pavé
aux guerriers sombres
qui toujours règnent
sur les villes rebelles