annulation de la visite d'Olivier Véran à l'hôpital psychiatrique
- 16 févr. 2021
- Par anne fontaine
- Blog : la femme penchée
Thouars : annulation de la visite d'Olivier Véran à l'hôpital psychiatrique, les syndicats désabusés
Olivier Véran, ministre de la Santé, devait se rendre ce vendredi 12 février à Thouars. Il a dû écourter sa visite, se rendant seulement auprès des proches de l'infirmière psychiatrique tuée il y a un an. Les syndicats qui attendaient un échange avec lui sont désabusés.
Il reste un peu de neige
Une neige mal peignée
Sur le rebord des trottoirs
Là-bas
Ils émergent de leurs nuits
Les cheveux encore mal peignés
Les idées trainant sur le rebord de leurs rêves
L’absurde floconnant dans leurs têtes
Des humeurs incertaines
Des comportements mal ajustés
Des mots dans leurs êtres
Des morts dans leurs chagrins
Doucement la clinique s’éveille
Par jour de chance le soleil caresse les murs
Les oiseaux chantent à l’abri des lierres
Par jour de chance
Il n’y aura pas de cris
Il n’y aura pas de larmes
Entre les chambres
Se distribuent les médocs
Se prennent les tensions
L’heure de l’infirmière stagiaire
L’heure de l’aide-soignante
L’heure de l’infirmière en chef
L’heure du médecin
Comme une boite automate
La vie est réglée par une clé inoxydable
Comme celles au combien précieuses
Des cafés solubles
Le nescafé, l’eau chauffée du robinet, circule
Tel le maté des indigènes
On trempe ses lèvres
On attaque la première cigarette
On a le temps devant soi
Il va falloir l’occuper
Il va falloir l’habiter
Dans les couloirs donc
Se distribuent les premiers médicaments
S’exprime l’angoisse des nuits passées
Développe la peur des jours à venir
Le vide cogne dans les têtes
Les mains tremblent un peu
On prend une douche
Ou l’on se recouche
La lenteur hante les lieux
Les pas des professionnels traversent nos déserts
Ils tranchent dans nos peines
Chirurgiens de nos fantômes
Les couloirs raisonnent
Et puis les couloirs sont vides
Respirer
Respirer, écouter ce premier conseil, respirer à fond
Pour ne pas aspirer le néant, la nausée des couloirs
On a bien quelques antalgiques de l’âme
Mais c’est un tsunami d’absence qui désastre l’hôpital
Cet hôpital aux patients sensibles, à l’instinct des chevaux sauvages
Ce lieu de résistance pour les pieds bot de l’existence
Là-bas les pluies lavent les allées, les eaux entourent
Le delta de nos incertitudes
Là-bas on ressent sans parole
Alors c’est facile
D’ignorer
De déshabiller jusqu’à l’os
Ce lieu d’asile des gens fragiles
Ce petit puzzle d’humanité
Alors c’est facile
D’annuler des rendez vous
Contre un projet plus fun
Plus populaire
Alors c’est facile même pour un ministre de la santé
De faire une impasse
Des impasses
De visites et d’écoutes
Des fonds, de moyens
Ministre des solidarités
D’offrir aux déclassés
Des soins d’exclus
Savoir
Qu’un cerveau de pauvre sera toujours un cerveau de pauvre
Accepter
Encourager
Diviser, chose incroyable
Diviser la folie
La peine des pauvres
La peine des riches
Et la psychiatrie ressemble à un transatlantique dans la nuit
Tassant mais divisant
Entre ses écoutilles, au gré des réservations
Les premières classes des dernières classes
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.