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Billet de blog 17 février 2012

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ABYSSES

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Abysses

hies encore j'étais visible le matin à l'opéra Garnier

une visite programmée avec une amie

j'avais pris un seresta

de toute façon j'étais un peu stone

une jolie journée sans histoire

c'est quand même beau le luxe

la pourpre et l'or

moi ça me rassure

les choses qui me disent à l'oreille

le monde est de soie pour toujours"

j'ai juste prévenue mon amie pour les jours avenirs

je suis sur liste d'attente en maison de santé

mais amies sont toujours étonnées

c'est dur de parler alcool

c'est aussi souvent dur d'entendre les réponses

alors je biaise

je parle de dosage de médicament

de boulimie

c'est pas tout a fait faux

quand le navire tangue

de toute façon

tout est a revoir

ce matin

ça chaloupe

alors

faut faire rapide

la liste des choses le matin qui ordonne le monde:

-thé

-radio

-le linge a trier puis tourner (quand tout déborde)

-parfois un numéro d'appel, mais c'est pas sans risque, les gens ont beau

être de très bonne volonté, il y a des maladresses

-le numéro de mon psy, qu'étrangement je n'appelle jamais

j'ai plus peur des mots des professionnels que des bénévoles

c'est moins grave

je n'appelle jamais mes amis, sans doute pour les mêmes raisons que pour les professionnels

je suis bien trop en attente de mots

or ils sont si incertains a venir et à signifier

des appels!

la tête en panique

fait un sorte d'appel

un appel à la raison

pour ce jour présent

pour l'heure en courre

bien sur

les mains, les pieds

le nez bouché

ils sont là

mais malheureux

ils savent

qu'ils ne sont pas

tout

on en revient à toujours la même:

elle dans sa bulle

et bulle

retour aux numéros d'appels

en vérité

je devrais parler aux coquillages qui toujours envoie de par la plage

le bruit de la mer

quelque chose de fort qui écrase le silence

est ce qui nous conduit à notre perdition

nous les dépendants

le silence

celui qui ne s'éteint pas

un feu froid

glacé qui prend le corps

et vous tourne la vue

en un horizon terriblement trouble

c'est un peu comme ces matins que j'aimais

la corne de brune des petits ports normands

celle qui glisse dans le brouillard

rappelle les bateaux fantômes

qui n'arrivèrent jamais au port

c'est vrai j'avais terriblement envie de partir

mais l'alcoolisme même accompagnée de jolie mots

bipolaire, borderline ne rapporte pas

qu'en outre

mon mari commence à être indispensable

à l'heure ou le salarié est soit indispensable, soit jetable

(moi j'étais autodétruis able)

l'ennui que l'esprit sans fou lui

de ce qui s'appelle les " contingences matériels"

ça fait plutôt mal aux oreilles à d'entendre, c'est moche, c'est tout.

y a tant de choses moches

même plus que moches

ce blessé syrien qui cherche un médecin

les grecques qui défendent leurs peaux

d'autres qui défendent leurs usines

moi dans tout ça

je suis de celle qui iront à la mer

sans même lacer un soulier

parfois c'est plutôt chouette

cette faculté aux détachements

cette vocation au départ

je les ais tant photographier ces morceaux de coquillages

dans le sable gris d'hivers

Villers

les maisons fermées

les bottes, les anoraks

et cette grande chose grise

vivante

qui vous appelle à des désirs forcement inaccessibles

fous et déments

sous les cris des goélands

sur un papier je me relis:

les coquillages sont des artistes de la mort

moi même je ne me comprends pas

mes psy ont du taf

mais je n'irais pas à la mer

enfin pas tout de suite

j'attends qu'une chambre se libère en clinique

une chambre correspondant à ma mutuelle

quelque part l'impression d'être un Boeing

en attente de tarmac

avec l'assistance médicale

en cas d'atterrissage désastreux

cela devient une habitude

mettre un mot

je suis malade, a plus tard"

je parfois

souvent

envie d'ajouter

parce que je suis pas comme vous"

pas toute a fait

et même si c'est pas vrai

ça m'arrange terriblement

de le vivre ainsi

les médecins seraient en absence de mot

j'en inventerai

la névrose de l'autruche

la carence des biches

l'insomnie de la chouette

faudrait pouvoir s'inventer des maladies

comme quand on est petit

après avec la maladie

je pars en voyage très personnel

je pleure un peu, c'est l'émotion!

elle se tient toujours très fort au fond de ma gorge.

les heures deviennent transatlantiques

dans un lieu de non appartenance au monde

ou je suis terriblement faible

visite de quelques iles perdues

les plus accessibles

celles qui se défendent le moins

je sais

j'ai du avoir une jeunesse terriblement gâtée

est-ce la malédiction des grandes maisons

aux pièces vides d'adultes ?

je lisais Nemo

la guerre au monde

le cœur en profondeur

c'est encore l'heure des grandes plongées

dans les abysses

c'est l'heure des sonars calmes et méthodiques

d'indescriptibles découvertes

tôt encore

on niait cette vie sous marine

sauf qu'elle existe

transparente

géante ou minus

gloutonne

organe phosphorescente

cannibale

drolatique

monstrueuse

ce cerveau encore

qui est de tout les mystères

doucement

flotte

dans ses propres abimes

comme c'est étrange

oui

comme c'est étrange!

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