Abysses
hies encore j'étais visible le matin à l'opéra Garnier
une visite programmée avec une amie
j'avais pris un seresta
de toute façon j'étais un peu stone
une jolie journée sans histoire
c'est quand même beau le luxe
la pourpre et l'or
moi ça me rassure
les choses qui me disent à l'oreille
le monde est de soie pour toujours"
j'ai juste prévenue mon amie pour les jours avenirs
je suis sur liste d'attente en maison de santé
mais amies sont toujours étonnées
c'est dur de parler alcool
c'est aussi souvent dur d'entendre les réponses
alors je biaise
je parle de dosage de médicament
de boulimie
c'est pas tout a fait faux
quand le navire tangue
de toute façon
tout est a revoir
ce matin
ça chaloupe
alors
faut faire rapide
la liste des choses le matin qui ordonne le monde:
-thé
-radio
-le linge a trier puis tourner (quand tout déborde)
-parfois un numéro d'appel, mais c'est pas sans risque, les gens ont beau
être de très bonne volonté, il y a des maladresses
-le numéro de mon psy, qu'étrangement je n'appelle jamais
j'ai plus peur des mots des professionnels que des bénévoles
c'est moins grave
je n'appelle jamais mes amis, sans doute pour les mêmes raisons que pour les professionnels
je suis bien trop en attente de mots
or ils sont si incertains a venir et à signifier
des appels!
la tête en panique
fait un sorte d'appel
un appel à la raison
pour ce jour présent
pour l'heure en courre
bien sur
les mains, les pieds
le nez bouché
ils sont là
mais malheureux
ils savent
qu'ils ne sont pas
tout
on en revient à toujours la même:
elle dans sa bulle
et bulle
retour aux numéros d'appels
en vérité
je devrais parler aux coquillages qui toujours envoie de par la plage
le bruit de la mer
quelque chose de fort qui écrase le silence
est ce qui nous conduit à notre perdition
nous les dépendants
le silence
celui qui ne s'éteint pas
un feu froid
glacé qui prend le corps
et vous tourne la vue
en un horizon terriblement trouble
c'est un peu comme ces matins que j'aimais
la corne de brune des petits ports normands
celle qui glisse dans le brouillard
rappelle les bateaux fantômes
qui n'arrivèrent jamais au port
c'est vrai j'avais terriblement envie de partir
mais l'alcoolisme même accompagnée de jolie mots
bipolaire, borderline ne rapporte pas
qu'en outre
mon mari commence à être indispensable
à l'heure ou le salarié est soit indispensable, soit jetable
(moi j'étais autodétruis able)
l'ennui que l'esprit sans fou lui
de ce qui s'appelle les " contingences matériels"
ça fait plutôt mal aux oreilles à d'entendre, c'est moche, c'est tout.
y a tant de choses moches
même plus que moches
ce blessé syrien qui cherche un médecin
les grecques qui défendent leurs peaux
d'autres qui défendent leurs usines
moi dans tout ça
je suis de celle qui iront à la mer
sans même lacer un soulier
parfois c'est plutôt chouette
cette faculté aux détachements
cette vocation au départ
je les ais tant photographier ces morceaux de coquillages
dans le sable gris d'hivers
Villers
les maisons fermées
les bottes, les anoraks
et cette grande chose grise
vivante
qui vous appelle à des désirs forcement inaccessibles
fous et déments
sous les cris des goélands
sur un papier je me relis:
les coquillages sont des artistes de la mort
moi même je ne me comprends pas
mes psy ont du taf
mais je n'irais pas à la mer
enfin pas tout de suite
j'attends qu'une chambre se libère en clinique
une chambre correspondant à ma mutuelle
quelque part l'impression d'être un Boeing
en attente de tarmac
avec l'assistance médicale
en cas d'atterrissage désastreux
cela devient une habitude
mettre un mot
je suis malade, a plus tard"
je parfois
souvent
envie d'ajouter
parce que je suis pas comme vous"
pas toute a fait
et même si c'est pas vrai
ça m'arrange terriblement
de le vivre ainsi
les médecins seraient en absence de mot
j'en inventerai
la névrose de l'autruche
la carence des biches
l'insomnie de la chouette
faudrait pouvoir s'inventer des maladies
comme quand on est petit
après avec la maladie
je pars en voyage très personnel
je pleure un peu, c'est l'émotion!
elle se tient toujours très fort au fond de ma gorge.
les heures deviennent transatlantiques
dans un lieu de non appartenance au monde
ou je suis terriblement faible
visite de quelques iles perdues
les plus accessibles
celles qui se défendent le moins
je sais
j'ai du avoir une jeunesse terriblement gâtée
est-ce la malédiction des grandes maisons
aux pièces vides d'adultes ?
je lisais Nemo
la guerre au monde
le cœur en profondeur
c'est encore l'heure des grandes plongées
dans les abysses
c'est l'heure des sonars calmes et méthodiques
d'indescriptibles découvertes
tôt encore
on niait cette vie sous marine
sauf qu'elle existe
transparente
géante ou minus
gloutonne
organe phosphorescente
cannibale
drolatique
monstrueuse
ce cerveau encore
qui est de tout les mystères
doucement
flotte
dans ses propres abimes
comme c'est étrange
oui
comme c'est étrange!