Le beau jour de l’handicapée
Cette semaine, c’est la fête
Les handicapés ont droit de guinché ou d’être aimé ou les deux à la fois.
Hier, je devais me rendre au Clubhouse Paris, association d’insertion des bipolaires,schizophrène ou de plus généralement souffrant de trouble de personnalités, pour une animation sur ce sujet.
Je n’ai pas pu venir.
Depuis lundi, un malaise me cloue au fond du lit, je voie ma vie au fond d’un lac sans lumière.
D’ordinaire, je tape sur le forum des Bipotes, forum internet d’entraide, pour échanger, mais là, je n’ai plus les mots.
Je n’ai pas d’espoir à offrir.
Pourtant, nous nous sommes motivés, plus encore qu’une équipe de rugbyman.
On est beau, on est fort, on est sensible et émotif.
Sensible et émotif.
Dans la ville tout roule. Prendre la rue revient à se jeter dans un torrent d’un monde à roulette. Reste à rentrer les épaules et faire le galet.
Dans la ville tout bruisse, les voies érayées des collégiens en fin de cours, les appelles confidentielles, les insultes.
Les regards fermés
Les yeux ouverts mais l’âme en poste restante
Tu promènes un corps qui n’existe pas sauf à l’état de punching ball.
Plus encore.
Dans ma ville, tout meure.
Feu cette petite ville de grands terrains, de maisons oubliées, de lilas mauves et de volières perdues.
Mon enfance y avait tricoté des contes dans chaque lieu un peu obscur, jardins mangé de lierre, fenêtres ternis, serres brisées.
La beauté n’est pas un héritage à sauver, mais un fromage pour renards.
Se promener, c’est contempler le désastre.
Là, ces derniers jours au lit, mon corps s’est mis en grève.
Une grève première, sans loi, sans préavis.
Une colère pure du corps.
Le sang, les muscles, délivrent un message sans appel.
L’émotion est au cœur du cœur.
Une émotion piétinée et c’est la respiration qui s’arrête.
J’ai grandis avec ces apnées de pure rage, je sais être victime de cette révolte du Bounty des viscères.
J’ai grandi avec, mais sans m’habituer.
Je suis toujours en surprise de ces petites gouttent de sang qui refusent leurs missions par option philosophique.
Dans quelques jours tout le monde aura oublié les handicapées.
Le monde sera de nouveau imbécile et cruel. Mue par la seule valeur en extension : la rapacité.
Les enfants s’acharneront sur le plus fragile d’entre eux.
Les dépressifs retrouveront l’ostracisme des collègues de bureau.
Les bipolaires, le silence des proches.
On assassinera à coup de mots.
L’avenir promet un nouveau code du travail qui achèvera ceux qui se maintiennent à grand peine en surface.
On donnera de nouveaux des anti- dépresseurs à pleine pelletés pour que ça suivent, pour que ça tiennent.
On oubliera les autres dans les hôpitaux, dont les dossiers pourriront devant maisons départementale des handicapés, la faiblesse des allocations.
On oubliera le manque de psychiatres.
On oubliera ceux qui finissent sous les bancs voir en prison.
Nous avons repris la grande fabrique des indigents.
L’herbe poussera un peu plus haut sur le rebord des tombes de ceux qui nous ont quittés.
C’est la fête aux handicapées mais je ne danserais pas.
Je n’ai pas d’espoir à donner aux personnes souffrant de troubles psychiques.
Si,
Un tout petit,
Notre faculté à inventer, rêver d’autres mondes, quand nous sommes dans l’empêchement d’embellir celui-ci, mission qui est parfois la notre.
Donc, louons notre faculté à la beauté et à la fantaisie.
Du reste, là, je ferme mon écran et je reprends ma fusée….