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étaleuse de peinture, cogneuse de clavier, en cavale par nature mon site peinture : www.afont-tableaux.fr

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Billet de blog 17 avril 2017

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minette a les crocs

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Elle passe

Son corps tient en ses yeux

Fragile objet d’os et de moustaches

Elle passe

La vie berce encore son regard

Se reflète dans son iris

Les débuts des printemps d’avril

Les jonquilles et les nids des pies dans les bouleaux

Ceux de l’autre coté de la fenêtre

Là, où  vie passe sans vergogne

 Dans la rue qui mène à l’hôpital

Chauffards, chauffeurs, bus, trottinettes, ambulances, pompiers, premiers nés, nez cassé, le vieux avec sa canne, la vieille avec sa tremblote, Congolais, Briards

Et aussi chats en promenade….

Elle passe

Ho, qui ça déjà ?

Qui est passé ?

Qui a bien pu déjà passé ?

Ne dois pas passer !

Non pas tout à fait !

Dit le corps ratatiné de Minette !

Elle passe

Ho, où ça déjà ?

Ecrit sa maitresse

Qui commence aussi  à chercher

Rechercher

Les puces de son passé

Les choses semblent fuir la tête

Pour danser en désordre

Dans le rond d’une idée

Pendue à la suspension

D’un délire

Hésitant

Selon l’heure

Entre l’éthylique

Et la simple paresse

D’une rêverie sur un sofa

Elle passe sous mes jambes

Présence de plus en plus flottante

Maigre échine

Je ne la caresse plus

Je lui ferais mal

A ma porcelaine

Je me contente de l’appeler de temps en temps : minette !

Minette ne répondra pas

Mais son cœur battra un coup

Pour dire oui

Deux

Pour dire non

Ce n’est pas que le temps fut court

C’est qu’il est toujours trop court

Sans compter la courbe de nos mamelles

Qui nous ramène qu’à mamies fières mais sur le déclin

La vie fait ses valoches

Ajoute juste quelques  poches sous nos yeux

Pour les plus gourmands

Les empileurs de sens, de sons, de mots, d’odeurs

52 ans

10 bibliothèques fortes branlantes

Ikea basic oblige

Des rayons comme des wagons

La vie y coule son train

Son train train

Ses petites aventures

Qui remplissent de grands mouchoirs

Les étourderies

Qui saccagent de grandes résolutions

Et puis zut

Flute

Pic et pic

Et colégram

Boule de gomme et jeux d’enfants….

J’avais bien une revue… sur le sujet de…. Coincée… quelque part entre le haut et le bas

Ce ne sont plus des bibliothèques

Ce sont des grottes

Avec risques d’avalanches au premier retrait du dernier grain de poussière

Qui nous viendrait là

Faire la causette avec moi et minette

Poussière

Si tout doit tourner poussière

Minette et moi prenons de l’avance

vivant avec

Cohabitant, réfléchissant de tous nos sens en vibration

Entretiens œcuméniques

De la vie passée

Aux projets de vacances

Toujours près des flots

Où s’entretiennent des débats de même sidération

Maladivement aérienne

Avec les dauphins et les marsouins

Minette s’assoit

Me considère

Ses yeux disent faim

Je sais que dans deux secondes

Une toute petite fraction de langue rose passera sur un museau tout aussi rose

Un pur rose

Clair comme un pétale de pivoine

Rappel silencieux

Mais ferme

Rappel qu’elle traine sérieusement la dalle

Minette ne miaule plus

S’en doute à s’entendre

A-t-elle compris

Que  sa voix de féline

Est troquée par un vilain diable

 Avec une voix de chèvre antique

 Fierté de diva trahie !

Minette tient son opéra dans l’espace de ses yeux

Cernés d’un noir pur

D’une pure Callas

Minette a faim

Ce qui arrive à peu près toutes les deux heures

J’ai regardé l’horloge

Bien qu’une horloge soit plus simple à amadouer, en triturant quelques vieux ressorts

Les plus rouillés

Les plus roués

Une horloge est plus simple à amadouer qu’un chat

Je passe sur ma minette affichant ses quinze ans

Un instinct quasi communiste inné de l’idée de droit à la retraite

Minette tient compagnie à Minette

Et toc !

Minette a faim toutes les deux heures

Et je bourre

Elle gave et maigrit tout aussi consciencieusement

Elle le sent la minette

Que la vie déraille

Mais foi de minette

Elle ne donna jamais de combat facile

Minette mange et remange

Elle a du caractère, ma minette !

Sans doute

Un soir

Une chose peu sympathique

Aussi vieille que le monde

Aussi moche que nos poubelles

 Glissera sur notre lino en forme vieux chêne

Mais !

 En ce moment

Minette n’ait pas d’humeur !

 Et puis elle a les crocs !

Je lui fais confiance

Je tiens les paris les plus hardis

La première silhouette un peu noire, un peu traitresse, avec une gueule vaguement hypocrite qui s’avisera à passer…

Sera transformée en steak tartare

Et bouffée fissa

Avec des frites

Ha !

N’oubliez pas

La mayo !

Chef !

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