Boire en automne
J’ai laissé des pages
Mais ces lettres sans ratures
Condensent mon temps
Pliés d’imperfections
Ecrire
Je ne sais écrire
Pourtant je sais sentir
Pourtant je sais sentir
Et ressentir
Je lave ma peau ultrasensible
De lotion
De gelée
Protection
Ecran totale
Dans la brume
Le bateau avance
L’onde chante
Une prière de pierre
Les oiseaux prient pour les oiseaux
Les roseaux pour le roseau
La terre engrosse les filles
C’est facile
Pourtant
Je suis seule dans le brouillard
Qui n’offre
Pas encore ses clés
Au ciel des vivants
Au soleil
Qui aboie de tous ses feux
L’automne
Est un oxymore
L’hiver
Une nuit de mort
Au creux de chaque sillon
Traine une corneille
Un blé oublié
Et c’est la mort qui s’invite
La mort s’invitant
Nous levons nos verres devant l’inéluctable
Autrefois
Les chevaliers gisants
C’est ce qui grippe
Un cœur de marbre
Une peau d’âne
Une mémoire de lierre
Qui sera le premier
De mes marelles
A emporter
Les fruits de mes nerfs sans nuit
Je crains autant la chouette que l’eau noire des caniveaux
L’eau des caniveaux
Qui emporte nos alcools et nos ennuis
S’envolent mes polaroids
Ces morceaux de joies
Comment un cœur aussi triste
Peut engendrer autant d’aboiement de couleurs
Comment
L’eau noir
Le sang
Peuvent se battre
Dans un désert
Une terre absolument minérale
Comment
Dans le même puit
Puise ma joie
Autant que ma tristesse
Défaillance
La ligne de fracture
Sur une tasse de porcelaine
Péremption du corps
Défaillance de l’esprit
L’œil est une fatigue
Le doigt une erreur
Je manque de carte
Je manque de boussole
Je manque de carte
Je manque de carte
Et mon esprit affolé
Construit des phares
Construit des phares
Sur le silence du monde
Sur les merveilles du monde
Décidément
Le possédé est formidable
Brisé
Morcellé
Empalé sous des phares à mensonge
Balises
Valises
Parfois la pensée
Prends ses valises
RTT
Pour déposer
Ses sacs
Devant la Loire
Et se noie
Pour épouser
Les belles dormantes