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anne fontaine

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Billet de blog 20 octobre 2020

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lettre à fanny

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Boire en automne

J’ai laissé des pages

Mais ces lettres sans ratures

Condensent mon temps

Pliés d’imperfections

Ecrire

Je ne sais écrire

Pourtant je sais sentir

Pourtant je sais sentir

Et ressentir

Je lave ma peau ultrasensible

De lotion

De gelée

Protection

Ecran totale

Dans la brume

Le bateau avance

L’onde chante

Une prière de pierre

Les oiseaux prient pour les oiseaux

Les roseaux pour le roseau

La terre engrosse les filles

C’est facile

Pourtant

Je suis seule dans le brouillard

Qui n’offre

Pas encore ses clés

Au ciel des vivants

Au soleil

Qui aboie de tous ses feux

L’automne

Est un oxymore

L’hiver

Une nuit de mort

Au creux de chaque sillon

Traine une corneille

Un blé oublié

Et c’est la mort qui s’invite

La mort s’invitant

Nous levons nos verres devant l’inéluctable

Autrefois

Les chevaliers gisants

C’est ce qui grippe

Un cœur de marbre

Une peau d’âne

Une mémoire de lierre

Qui sera le premier

De mes marelles

A emporter

Les fruits de mes nerfs sans nuit

Je crains autant la chouette que l’eau noire des caniveaux

L’eau des caniveaux

Qui emporte nos alcools et nos ennuis

S’envolent mes polaroids

Ces morceaux de joies

Comment un cœur aussi triste

Peut engendrer autant d’aboiement de couleurs

Comment

L’eau noir

Le sang

Peuvent se battre

Dans un désert

Une terre absolument minérale

Comment

Dans le même puit

Puise ma joie

Autant que ma tristesse

Défaillance

La ligne de fracture

Sur une tasse de porcelaine

Péremption du corps

Défaillance de l’esprit

L’œil est une fatigue

Le doigt une erreur

Je manque de carte

Je manque de boussole

Je manque de carte

Je manque de carte

Et mon esprit affolé

Construit des phares

Construit des phares

Sur le silence du monde

Sur les merveilles du monde

Décidément

Le possédé est formidable

Brisé

Morcellé

Empalé sous des phares à mensonge

Balises

Valises

Parfois la pensée

Prends ses valises

RTT

Pour déposer

Ses sacs

Devant la Loire

Et se noie

Pour épouser

Les belles dormantes

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