Serais-je ce cœur de cendre
Ce ciel de décembre
Ou un mois de novembre
La jour des morts
Chez moi
C’est tous les jours
Dans le salon jaune
Trainent des dieux et des poupées
Des gommes
Et quelques tailles crayons
Oui ! celui en forme de globe
Oui ! celui avec une planète martienne et quelques billes
C’est dire que je suis une grande voyageuse
Tant
Que c’est pour croiser la lune
Tant que c’est pour pleurer
Entre les loups et les coyotes
Et tous ces peuples
Aux larmes étouffées
Ce sont nos digues
Qui lâcherons
Sous ces aires glacières
En porte restante
Des coups
Des gnoles
Des gnoles
Des oublis
Et puis cet os qui fait mal
Mais moins que toi
La solitude n’est jamais bonne
Reste la préparation des abats
Mémé savait y faire
Les bains maris
Les fritures
Les croutons
Le persil
Elle savait arranger les bouts des bouts
Elle qui fut perdue
Dans la solitude d’une nuit d’hôpital
La prison des violences
La lâcheté du sommeil
Le va et vient en sourdine
Le velours des rideaux
A l’étouffé
Nous fûmes étouffés
Et je pleure
Et je faute fautes d’orthographes
Et je bois trop
Et je pleure
Dans mes papiers d’aquarelles
Les papiers
Sont épais
Nourris d’eau
Par vague
Le bleu
Le noir
Sortis des moulins d’eau
Ils aspirent
Les fleuves des tiroirs
Les dernières lettres
Et les larmes
L’eau des lavandes
Ou la senteur de quelques marrons d’indes
Oubliés au fond d’un cartable
Mais c’est ainsi
Les morts nous emportent
Ou nous sauvent
Ou parfois
Viennent en passant
Comme leurs vies en glissant
Et si transparentes
L’onde sonne à ma porte
Mémé ne fut pas Willis
Piriou petit pois
Et moi pas raisonnable
Parfois
Dans un vieux cimetière
Un inconnu pose une pierre sur une dalle
Il sait
La pierre
La pensée
L’inconnu
L’inconnue du chagrin
Nos tombes
Nos eaux bénites
Nos cailloux
L’absence de certains
Le chant des autres
Reste
Une femme phare
Qui
Espère
Autant les vagues des mers normandes
Les flacons de neige abandonnés
Entre jardins et boulevards
Par jour de neige à bry
Chère mémé
Nous espérons la neige
En janvier
Des marrons chauds
Des épices
Du vin
Nous espérons
Des poires aux vins
Tes recettes de cuisine
Comme ce fut
Réconfortant
Tu diras
Que j’écoute de mauvaise musique
Tu diras
Que j’ai trop besoin de toi
Alors reste les fantômes
Jusqu’au fantômes des lilas anciens
Jusqu’au souvenirs de la dernière terre
Jusqu’à la douleur exacte
Sous l’os
La femme amoureuse
Dans la folie de l’amour
Donne des pierres
Je ne la jette pas
Ne la lâche pas
Cette pierre est mon âme
A moins
Que ce soit jour de novembre
Chez moi roule toujours des ruisseaux
Je suis une fille de pluie
Entre les herbes
Les rires et des regrets
Les herbes longues caressent les cheveux des filles
Un peu trop difficiles
Et jamais sages