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étaleuse de peinture, cogneuse de clavier, en cavale par nature mon site peinture : www.afont-tableaux.fr

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Billet de blog 21 janvier 2012

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ici le metropolitain

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

ICI, le métropolitain.

Ici, c'est si simple

Cela tient, se ferme, ce case en trois lettres

Deux i, voyelles

Un c, comme consonne

C’est tout

Ici, pointe le lieu de géographie

Simple lieu ou s'installent les choses

même forts primitives :

Les berniques sur la roche des grèves

Ici sont les gens

En absence de chez eux

Sauf qu'ici ce n’est pas la permanence

Ici logent les hommes sans lieux fixes

Je dis lieux

Sans dire toit

Le lieu est aussi une zone géographique

Petite, circonscrites,

Un lieu qui nous appartient et nous protège, donc.

Même sans toit.

Le toit, geste ultime de protection

Contre le froids injustes de nos hivers

Ici sont les sans lieux

Ils glissent comme des morceaux d'iles, sous terre.

Sous les voutes de faïence toujours blanches

Le métro parisien est un fleuve souterrain

Qui charrie sable et limons

Qui charrie vies et destins

Une rame par minute

Hors du soleil

Nos vies glissent entre les bras d'un delta impitoyable

Cette femme en cachemire beige et sac crocodile

Courre après son briefing

Ou son débriefing

sans un regard pour

Cette africaine, l’enfant drapé, accroché sur son dos

Traine ses courses

sans un regard pour

L’étudiant plongé, lointain dans ses notes

sans un regard pour

L’adolescent résolu au refus.

qui interdit

tout regard.

Station nation

RER A

Sept cent milles personnes ont un but, c’est écris sur les écrans d’informations.

C’est janvier et vous êtes déjà la depuis deux mois

Le corps allongé au maximum pour tenir entre ces invraisemblables

Fauteuils rouges ,

Sortes de vulves,

Matrices sous terraine.

Ici tout est sombre

Même la lumière

Voila longtemps que la poussière à tout étouffées

Inconsciemment tu lèves la tête

Pour chercher le ciel par instinct

pour  ne trouver qu’une voute triste

manger de ruines et de calcaires.

Ici reviennent les mêmes hivers

Et les mêmes hommes.

Station Iéna descendent les skates bordeurs

Ils glissent sur le palais de Tokyo

Le  bassin sous l'architecture grise

Reflète le ciel

Souvent gris aussi

Des tags comme un lierre mauvais grimpent  sur les sculptures de pierres,

Tatouent sans égard le sein même des déesses.

Station Kleber

Un quai absolument vide

Un homme dort assis callés entre ces deux paquets dans un fauteuil moutarde conique.

Ils sont privés d’abris

Ils sont privés de sièges, enfin de ceux qui permettent de reprendre son souffle, quelques heures dans la journée. Les si essentielles heures de sommeil pour ne pas devenir fou, pour ne pas devenir encore plus fou.

Place Trocadéro

Acheter

Les tours Effel furtives

 Souvenir

Des marchands sénégalais

Descendre les marches

Vers la seine

Station châtelet

Trafic, tunnels et sorties

Des tas de mains d'échanges

Une survie furtive aux creux des foules

Sur les murs

L’œil n'est jamais au repos

De trop grands  sourires

Une mer toujours trop bleue

Les murs du métro vendent le monde

En petite parcelle

À petit prix

Enfin c’est la réclame.

ici le regard n'est jamais libre

Rien n'est gratuit

A moins

Que viennent

Les graffitis

Qui éructent

L’obscène et la révolution

alors passent les mots insoumis

ici reste une trace d’homme

Minable, sublime ou pathétique

c’est toujours un cri

que les murs projettent

les uns et les autres

en un écho infini

jusque dans nos pensées

Dans le tunnel

Tu avais fabriqué

Un lit de carton

Avec des dossiers

Dans l’un des cartons

Ton frigidaire

Si je puis dire

Dans un autre

Serviettes et savon

Un radeau de carton pate

Un rangement coute que coute pour une vie ordinaire

Tu dors

Passent

Les gens du nord

Les gens du sud

Nous passons  décidés et rapides

le regard chargé de gênes

D’un truc que l’on ne sait préciser

Mais c’est moche

Sous la seine

Courent les uns

suvivent les autres

Voila longtemps

Que nos eaux

Ont cessé de se mêler

Voila longtemps.

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