Ici
Dans un nulle part
Je suis allongée
Les yeux grands ouverts
Plantent leurs cils dans le ciel
Des nuages miroirs
Lâchent leurs pluies
Sur mon corps
Le ciel
Lave
La mer
Dans un nulle part
Je suis une respirante horizontale
A la pensée diagonale
La pluie alcaline
Arrose mes rêves
Une chose pousse dans ma tète
Une graine
En forme de haricot
Tricote
Des lianes et des feuilles
Escalier
De la terre et du ciel
J’autorise
Mes mains
A entrer en terre
Parler aux morts
Ceux là
Ont d’autres racines
Blanches et molles
Invisibles
Elles trainent en étoles
Flottant
Autour des coups de cygnes
Des enfants sauvages
Jadis
Des ogres
Plantait des jardins
Tomates, haricots, cerisier
Jadis les ogres creusaient des balançoires
Il promenait sa petite fille blonde dans la 4 ailes
Elle riait inconsciente
Du temps
Du temps historique des chroniques familiales
La rancœur, l’envie, l’avarice
Mais tous champs
Abritent
Ronces, orties, digitales
Fleurs d’ombres et d’oublies
Ici
Dans un nulle part
Je suis allongée
Les yeux grands ouverts
Plantent leurs cils dans le ciel
Des nuages miroirs
Promènent leurs pluies
Sur mon corps
Dans mon songe
Pousse des lilas
Dans mon sang
Un alcool de parfum de lilas mauve
A pénétrer bien au delà de l’artère
Dans les os : lilas
Dans les nerfs : lilas
Dans le ventre : lilas
Grandies
Les petites filles
Avalent l’oublie
Les mains chargées
De Ronces, orties, digitales
Elles vomissent des lilas vengeurs
Alchimie
L’homme en méfiance éternelle
Nous appellent sorcières
Nous les porteuses des chants passées
Homère fut il homme ?
Les femmes furent pleureuses
Sabordant
Arrachant
Leurs cheveux
Morceaux de peaux
Pièces de cils pointus
Sur le chemin des morts
D’os et d’or
Incantations
Eternités
Mode d’emploi
La pleureuse
La vestale
Se donnent
Déchirant
L’air invisible de leurs griffent de sang
Pour le chemin du mort
Balayer les petits cailloux
De leurs mains saccagées
De leurs mains sacrifiées
Mais la balade
Le chemin du mort
Sans cesse recommencé
Au milieu de nuits de feux
Ce chemin de mort
M’habite
Serais les larmes d’un autre
Que je ne cesserai
De verser
Douleur hémorragique
D’une peau décidemment trop blanche
Je suis de cette histoire ancienne de liens brisés
Ariane fût
Morte de si longtemps
Qu’un seul fil édenté
Donna
Une toute petite berceuse
Je suis cet esprit déchiqueté
En petit morceaux
Par un griffon antique
Devant la bâtisse
Je creuserais bien
Comme un basset
Comme un renard
Comme une taupe
Pour retrouver
Un reste de maison ancienne
Archéologue de mon enfance première
A la recherche d’une dent d’ogre
D’un mouchoir à carreaux
D’un verre de rouge
Ou d’un coquillage
La boite a bijoux de grand mère
Beau
Comme un trésor de mer
Psyché étonnante
Je dessine
Des memos
Piégés d’abysses
Est-ce la mer que je suis obstinée à avaler
Est-ce le silence qui tue ma gorge
L’alcool
Est une vie sous marine
Un serpent de mer ponctuel
Pique
A des heures inusagées
Post it
A coincer
Dans le vent en ribambelle
Se méfier des nuages miroirs !