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étaleuse de peinture, cogneuse de clavier, en cavale par nature mon site peinture : www.afont-tableaux.fr

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Billet de blog 23 mai 2015

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En vacances : Anne à la plage

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’évidence du bord de mer

Celui qu’on espère

Celui que l’on sent

Celui qu’on attend

Fussent encagés dans une terne ville

Aux ternes murs d’une terne vie

Un rêve ancien

Une toile de Boudin

Plage

Sable blanc

Réverbération

Octave à l’infini

Se noie

Dans la douceur d’une mer mousseuse et rebelle

Réverbération

Ombres errantes

Rayons furtifs

Tout est de passage

Tels les oiseaux

Tels des morceaux de mot

Mosaïque de sons

Le Ciel

Gris bleu

Octave infinie percée du cri de goélands

Des milliers de pas utiles pour toucher la rive incertaine

Méandres de clapotis percés de vague de sable

Milliers de pas utiles pour être enfin le corps immergé

Tout serait léthargique

Pris dans cette infinie descente vers elle

Ou coincé dans l’infini remonté vers la terre

Sans cette violence qui sort de sous la vase

Le corps fracassé d’un petit crabe

Un morceau d’algue déchirée sous une pierre

L’appétit des mouettes

Ce vent froid qui traverse en un soudain

Rappelle que cette vie n’est jamais sans orage ni drame

Ici le soleil est blanc mais sait taper quand même

Traitre lointain

 Il sait pelucher les peaux des humains

Ici comme bien ailleurs

Au fond de creux de sable des enfants jouent

Interchangeables

Enfant 1910

Enfant 1930

Enfant 1950

Enfances

Les mêmes pelles, les mêmes sauts, les mêmes formes : tortues ou étoiles de mer à imprimer sur le sable

Le même air affairé

La même colère devant l’inéluctable chute du château de sable

Le gentil qui prête son râteau

Le méchant qui écrase le pâté du voisin

Rôles interchangeables

Le cornet de glace qui fond

La joie, les larmes, alternent sur des joues rouges

La tartine croquante de confiture mêlée de sable

Là-bas, le vieil établissement de bain loue cabines et transats

Un sentiment de bien être tout droit descendu d’une sécurité matérielle

Vacances d’été d’enfants gâtés

Au-dedans

Pris entre le temps et le ciment

L’Invention des congés payés

La lecture savante du guide bleu par Roland Barthe*

 : Un magasin de jouets

Ballons et cerfs volants

Brouettes et filets de pêche

Cordes à sauter et petites voitures

Tees shorts et crèmes bronzantes

Cartes postales et portes clefs

Coquillages et boules à neige

Emerveillés pour toujours des boulles à neige

Balade éveillé d’un fantasme de paysage, de pays

Un phare imperturbable

Pris dans la tempête au creux de ma main

Dans ma boule de cristal

 Bat le cœur solitaire du gardien du phare

L’art d’écrire

L’art d’écrire la carte postale

Des mots toujours un peu semblables

Comme une mélodie unique

« Meilleurs  souvenirs de Trouville, le petit grandit vite au grand air »

« Amitiés, toute la famille s’amuse beaucoup, les crêpes et le cidres sont bons »

« Les progrès d’Anne en orthographe sont lamentables »

Achat de caramels et de calvados

Ne rien oublier des évidences : les sels marins pour le bain, une boite biscuit en forme de cabine de bain

Ces vacances en bord de mer

Gâteau monté de Savoie, crème, fruits, meringue, chantilly

Un gâteau dont on déchire une grosse part,

 Insatiable de douceurs

Ainsi dans l’appartement

Lors de la mélancolique rentrée

La valise éventrée lâche ses guirlandes d’objets marins, le papier brillant des sardines en chocolat, un pot à moitié vide de crème hydratante, un livre torturé d’ouvertures et de pliures

Et fond de chaque page

De chaque poche

De chaque trousse

Un filet de sable fin et blond

Qui colle à notre peau d’enfance

S’enfonce doucement dans le coin de nos yeux

Pour nous ramener la mer

Prisonnière en chacun de nos sens

Bien au creux

De nos rêves

*lire « Mythologie » de Roland Barthe

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