Il y a des putains d’histoires
Des princes absents ou congelés
Des forteresses tressées serrés d’orties et de ronces
Des cygnes aveugles
Il y a le cœur qui s’endort, narcoleptique
Il y a le sang que l’on nous donne
Puis le sang que l’on étrangle
Il y a
Des ratures
Ratures donc
Mais ce n’est pas toi
Ni un autre
Le privilège de la rature est d’être foncièrement personnelle
On signe
Comme on raye
D’un trait
Comme Zorro
Le renard de la nuit
Et de ma télévision du mercredi
Avec les BN
Reprenons
les ratures
d’autant plus belles
Que l’enfant est entêtée
sa raison est le monde
le loup
Une sale brute
Un grossier personnage
Un vilain dans l’histoire
Qui toujours finira en pâté et repâté
Sûr
Sinon l’histoire est loupée
Et tu changes de loup
Ou de prince
Enfin tu corriges
Chose naïve
Tu crois en la rature
Qui corrige le blanc sur la feuille
Comme du presque neuf
Comme du presque pas d’erreur
La bonne note et le cadeau
Tout et tout
L’amour et les lauriers
Petite
tu sais maintenant que le croc du loup
N’est pas bien féroce
Que les cœurs de libellules volent haut sur les collines
mais vivent dans un souffle
Jusqu’aux premiers nuages
assommées par la première goutte
Oh,
mes putains d’histoires d’enfances
mes ratures
Enfoncées a force de gommage
a force de négations
a bouffé la page
remonte doucement le courant
et le Nil perd son bleu petit à petit
je tourne donc en rond
avec une extrêmement applications
fin de cinq jours de sevrage
a attendre dans la cour
la distribution des pilules
l’heure des repas
l’heure de l’heure
attendre donc
je ne sais pas attendre
sauf en tournant en rond
très furieusement
avec une jungle
des tigres et des panthères
et des sauvages a apprivoiser
chose étrange
les cliniques manquent de sauvages
parcequesansdoute
les sauvages n’ont pas de chéquier
et ma clinique pas de baobab
alors je m’ais tirée, barrée, enfuie
mais j’ai surement tord
et je me noie dans mon encre
c’est nigaud !