Pourquoi les belles dames sont blêmes
Penchés sur leurs camélias
Ma main triture un mouchoir
Ignore cette glace
Qui te refuse la beauté quand c’est juste nécessaire
Quant ta main a touché mon front
Tu m’as sauvé
Dans la foule je lance des ancres
Je crache des camélias au fond des mouchoirs
J’aime les fleurs au père Lachaise
Dans les couloirs de cliniques
Une autoroute de lit
Un road movie hospitalier
Des lumières blanches, les ascenseurs qui parlent
Comme les brancardiers
Stationnement à gauche pour l’opération
Je suis d’argile et je crache mes fleurs
Dans le temps qui passe
C’est le passage des gens en masque
C’est une sardine en papillote
Qui attend le chef
Pendant l’anesthésie
La sardine
Rêve du bois dormant
Au réveil tu cherches un châle que tu n’as pas
Quant ta main a touché mon front
Tu m’as sauvé
Les montagnes magiques ne sont jamais aussi loin
Qu’à l’hôpital
En cette saison, le soir,
le brouillard descend vite des montagnes
déjà on peux distinguer, là-haut les premières lumières
rattraper la poussière
la remettre sur le cœur
Rehausser les couleurs
Un gris lavande pour une chambre d’intérieur
Remettre de l’ordre
Dans cette tête de papillon perdu
Devant ce phare outrageusement fixé
Les murs des cliniques
Sont couleurs moutarde
C’est pas grave et c’est pour tout le monde pareille
C’est dans le monde que je suis au plus mal
Je crache des camélias
Et pense aux belles dames
Je crache des camélias
Pour oublier
Que tous fini
Dans un kleenex.