La transfusion
Samedi soir 21 heure
L appartement prend doucement ses quartiers de nuit
Programme de nuit, télé de nuit, radio de nuit, musique de nuit
Les chats dorment sur les pyjamas
Encore une nuit en mode avion
La descente doit attendre l’autorisation
L’impatience ronronne
On se questionne sur la température à l’arrivé
Nos valises balises ont-elles bien suivies ?
La douleur est entrée
Comme un sorcier sort de sa boite à diable
La douleur est un violeur anonyme
La douleur physique inconnue qui vous laisse comme une vague sur la plage
Comme un crabe retourné
En parlant de crabe
Serait-ce la mort ?
Celle programmée pat tous mes astrologues médicaux
Dans le méridien
Des jours instables de saturne
Dans le tour à vide de mes satellites lunatiques
Dans mes attractions éthyliques
Dans mes explorations sur le quartier méridien des oranges
Serait ce la dernière fois de la dernière fois
La punition ultime
Je suis a sec de toutes réponses
D’autant que mes astrologues sont retenus dans la boite de leurs cabinets
Je connais des gitanes moins avares
Il y a des silences, des absences ; des maladroisités, des indifférences
Survivre à des concours offrent une peau de caïman à tous les vainqueurs
Nous sommes soignés par une légion de survivants
Qui n’ont plus rien à renvoyer à leurs malades que des modes d’emplois lyophilisés.
Je suis malade et c’est ma grande faute
Mais lire entre les blancs
A part ceux d’un pouilly
Je ne sais pas
Bref
La douleur et moi
On était trop occupé de nous même
Pour voir le jour d’après
Dans ma ville on évite les urgences
On se déplace pour les rendez-vous, voiture ou pas, famille ou pas
Bref on se démerde
Tomber malade un Week end c’est tiré la mauvaise carte du Monopoly
Là
Quatre yeux sont arrivés
Les quatre ne sont jamais loin
Leurs petits creux les poursuivent comme leurs puces imaginaires
Chez les chats c’est toujours l’heure de quelques choses
Ma chatte m’a donné la patte
Elle est petite et noir
Ses moustaches noires forment un sourire invisible
Ma chatte m’a donné la patte
Et ses ronrons doucement ont pénétré ma paume
Remontés juste au cœur
Enveloppés ma tête d’un gaz protecteur
Ses ronrons ont bercé ma douleur
Sans la tuer
Mais elle l’accompagna comme un chien de berger
Surveillant les aigus et le stress
J’ai connu un médecin me prenant la main un jour de bérézina
Un jour de sevrage un peu trop dur
Ainsi
Vont les ronrons et ces gestes qui s’offrent
Comme un papier de soie
A l’enfant malmené
Au clochard mouillé des pluies d’hiver
Aux vieux en absence devant leurs feuilletons télés
A la femme qui est tombé
A l’homme qui a perdu
Dans l’histoire
Il n’y a pas de suite
Des personnels de santé qui ont installé entre eux et leurs patients leurs Doctolib
Leurs agendas
Sa bosse et ses vénères de toutes perturbations de leurs productions de moissonneuses batteuses
Quelque part, y a un gout de betterave et de rendement qui ne zigouille pas que les abeilles
Les abeilles souffrent elles ?
Je veux dire qu’elles meurent
Mais bourdonnent-elles leurs douleurs d’être effacées contre du sucre facile
Le sucre blanc des choses qui ronronne bien et fait des capitaux
Ma chatte ronronne
Sa grandeur d’âme
Sa chaleur
Sa présence
Est simplement gratuite
La grandeur d’âme est sans valeur
Mais inestimable
Comme un ruisseau, comme le bleu de la nuit, comme un chant de cheyenne
Toutes ces choses que nous bradons
Aveugle à nos propres cœurs