Rayure de crème au beurre
Massive
Comme un tronc
Avec des petits copeaux
Pour faire l’écorce
Des petits champignons
En meringue blanc
Sepoudré de chocolat
Pour montrer la terre
On se bat
Pour les éviter
Ou les croquer
Les nains plastiques rouges
Scient des sapins plastiques verts
C’est un paysage sucré
Fondant
Ecœurant comme les livres d’Heidi
Le dernier tournant d’exploit gastronomique
Elle trône au milieu
De trop d’assiettes
De trop de verres
De taches
De sauces
De coquilles d’huitres
De boulettes de pain
De demi-citrons
Des ficelles dorées des premiers cadeaux
Des papiers pingouins, nounours ou simplement rayés
La famille
Ce qu’il y a de famille
Chien, chat, compris
Se réunit
Autour
Photos d’yeux rouges
Témoignage du bonheur familial annuel
De notre survivance aux fêtes
De notre survivance tout court
D’un moment d’amour conjoint
Ou qui lui ressemble
Du moins
On aura tout fait
On est beau
La nappe est décorée
De bougies, de houx
Couverte
Recouverte
Gavée
De mets exceptionnels
Puis de la buche
Petit feu d’artifice final
Sous les cris des enfants
J’ai longtemps collectionné
Les nains des buches et les bouchons de champagne
Signe de ralliement familial
Les signes sont nos dernières espérances
Nos dernières croyances
Un jour le plastique à rejoint un sac en plastique
Les nains, les sapins décorèrent des pelures d’ognons
Tous le monde pleurait
Pourtant
Malgré toutes les préventions
On continue
La buche
Mais glacée
Elle fond
Quand on l’oublie...