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étaleuse de peinture, cogneuse de clavier, en cavale par nature mon site peinture : www.afont-tableaux.fr
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Billet de blog 27 févr. 2022

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Ainsi Chacun Semble Tenir Une trace de soi

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le soleil se lève à l’ouest

Le soleil se couche à l’est

C’est pout tout le monde pareil

Reste, que je suis pas forte en géographie

 j’ai peur que ce soit l’inverse

En grammaire non plus

Pourtant

je reconnais la terre mouillée de février

le reflet des flaques dans les trous de bitumes

Des enjoliveurs sur les trottoirs

Les caddies dans les terrains vagues

Sauf que nous n’avons plus de terrains vagues

Reste les caddies

Et les boites de repas rapide

Coca ou Pepsi

Sur le rebord

Entre deux herbes

Le soleil décolore

Les slogans

La rouille gagne la canette

Les pissenlits

Et puis c’est tout

Pour un siècle

Et plus encore

Ainsi

Chacun

Semble

Tenir

Une trace de soi

Les voitures

Les choses à roues rapides

Le tout venant

D’un point à un autre

Mais nous ne sommes pas devant un tableau d’ardoise

Les droites croisent des courbes

Et vice versa

Des voitures croisent d’autres voitures

Et vice versa

Le tout-venant passe par les grands fleuves que sont nos autoroutes

Autour les tours entendent le vrombissement des fleuves

Les voitures d’occasions assomment des tours éphémères centenaires

Et nous sommes là,  les dévorés d’ la vie

A contempler

Une ruche d’asphalte et de carbone

Fleurs de terreplein

Feuilles de basalte

Poussent des coquelicots

Et des sentiments d’abandons par vague inonde l’âme et le cœur

nos trains de banlieue

tracent la banlieue

tels des serments de vignes

l’ombre des bois contre la lumière

l’ordre orné de deuil

Des rails de garages

Des escaliers de ciments

Des annonces

Et les gens qui courent devant

Les gens qui s’étouffent dedans

Et toujours regarder

Les moins chanceux

Nos gouvernants nous ont ramené à l’essentiel

Se chauffer

Se nourrir

s’habiller

Parfois paraitre

Habiter

Décorer

Préparer une table pour des amis

Ecouter Brahms ou Adèle

Voir la montagne

Voir la mer

Voir des supers héros

Nos vies encaissent un rationnement invivable

Et des raisonnements opaques

Définitivement des personnes humaines

Que restent-ils ?

Je peins sur un chevalet transmis entre deux amies

Voilà longtemps sa propriétaire est partie

Probablement en classe économique z’o ciel

Pour ma  part je ne connais pas d’autres lieux

Pour le dernier échouage

Mais

Quand je prends ce tournant

Je vois

ces cabanes de ruines de tek et de couvertures

récemment

S’élevaient de pauvres fumées

Piètres feux contre l’hiver

Il y avait hommes et femmes

Enfants

La vie se disputait à la boue

Aujourd’hui

Le silence a remplacé la misère

Désormais

Cette socquette

Ce lit cassé

Chiffons

Brisures

Restent

Ainsi les vies ressemblent aux oiseaux

Sont t ils

Au nord

Au sud ?

Reste des nids vident

Le froid paralyse les futaies et les sentiments

L’autoroute le regard

Ils furent là

Ils ont été

Comme les nuages dans le ciel

La migration des étourneaux

Ils ont été

Et nous restons

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