Le soleil se lève à l’ouest
Le soleil se couche à l’est
C’est pout tout le monde pareil
Reste, que je suis pas forte en géographie
j’ai peur que ce soit l’inverse
En grammaire non plus
Pourtant
je reconnais la terre mouillée de février
le reflet des flaques dans les trous de bitumes
Des enjoliveurs sur les trottoirs
Les caddies dans les terrains vagues
Sauf que nous n’avons plus de terrains vagues
Reste les caddies
Et les boites de repas rapide
Coca ou Pepsi
Sur le rebord
Entre deux herbes
Le soleil décolore
Les slogans
La rouille gagne la canette
Les pissenlits
Et puis c’est tout
Pour un siècle
Et plus encore
Ainsi
Chacun
Semble
Tenir
Une trace de soi
Les voitures
Les choses à roues rapides
Le tout venant
D’un point à un autre
Mais nous ne sommes pas devant un tableau d’ardoise
Les droites croisent des courbes
Et vice versa
Des voitures croisent d’autres voitures
Et vice versa
Le tout-venant passe par les grands fleuves que sont nos autoroutes
Autour les tours entendent le vrombissement des fleuves
Les voitures d’occasions assomment des tours éphémères centenaires
Et nous sommes là, les dévorés d’ la vie
A contempler
Une ruche d’asphalte et de carbone
Fleurs de terreplein
Feuilles de basalte
Poussent des coquelicots
Et des sentiments d’abandons par vague inonde l’âme et le cœur
nos trains de banlieue
tracent la banlieue
tels des serments de vignes
l’ombre des bois contre la lumière
l’ordre orné de deuil
Des rails de garages
Des escaliers de ciments
Des annonces
Et les gens qui courent devant
Les gens qui s’étouffent dedans
Et toujours regarder
Les moins chanceux
Nos gouvernants nous ont ramené à l’essentiel
Se chauffer
Se nourrir
s’habiller
Parfois paraitre
Habiter
Décorer
Préparer une table pour des amis
Ecouter Brahms ou Adèle
Voir la montagne
Voir la mer
Voir des supers héros
Nos vies encaissent un rationnement invivable
Et des raisonnements opaques
Définitivement des personnes humaines
Que restent-ils ?
Je peins sur un chevalet transmis entre deux amies
Voilà longtemps sa propriétaire est partie
Probablement en classe économique z’o ciel
Pour ma part je ne connais pas d’autres lieux
Pour le dernier échouage
Mais
Quand je prends ce tournant
Je vois
ces cabanes de ruines de tek et de couvertures
récemment
S’élevaient de pauvres fumées
Piètres feux contre l’hiver
Il y avait hommes et femmes
Enfants
La vie se disputait à la boue
Aujourd’hui
Le silence a remplacé la misère
Désormais
Cette socquette
Ce lit cassé
Chiffons
Brisures
Restent
Ainsi les vies ressemblent aux oiseaux
Sont t ils
Au nord
Au sud ?
Reste des nids vident
Le froid paralyse les futaies et les sentiments
L’autoroute le regard
Ils furent là
Ils ont été
Comme les nuages dans le ciel
La migration des étourneaux
Ils ont été
Et nous restons