Soixante dixième jours et des poussières de soleil
Des lunes et des lunes de lumière qui se suivent
Le chant des oiseaux siffle dans l’appartement
Ecrire dans son journal, ce qui reste à écrire :
J’aime les oiseaux
Au soleil, lustrée dans tous mes sens
Je ne peux parler douleur
Ma peau égoïste ne pense que douceur
Ma langue ne veut que douceur
Le monde va au creux de l’écran carré
La guerre éclate en haute définition
A coté, brille les moustaches du chat
Et ses yeux fous de papillons
Ses yeux vert ovales percent l’ombre
Je ne peux parler douleur dans le soleil
Sur la terre chaude je joue à la pierre
Je réserve la chaleur
Je réserve pour les jours froids
Un ciel de soleil et citron en marmelade
A tartiner
Parfois je pose une fleur sur la table du salon
La couleur de la fleur dans la couleur d’aquarelle
Et l’été fait tourner le pinceau
Le pinceau terriblement égoïste ne dit mot
Torturer un pinceau :
Il saignera
Mais jamais il ne lâchera un soupir
A moins que je sois mauvaise tortionnaire
Ce dont je doute
C’est ainsi
Dans la solitude de l’atelier
Règnent le ciel, les oiseaux et les fleurs
Le monde hurlant de la couleur
Le monde soyeux des nuances
L’odeur des vernis
Et quand les volets se referment
C’est pour la sieste
Je suis un peintre qui dort.