La petite cuillère
J’émerge de quatre jours de clinique psychiatrique après un sevrage que j’ai planté en toute splendeur (voir épisode précédent) (je compte remettre cela dans un mois)
J’émerge et je range mes affaires
Pour bien comprendre l’affaire, justement, et qu’émergeant, j’ai commencé à esquisser quelques pas dans les coins pas pourris de la capitale (en gros le sixième : resto et édition)(Jardin du Luxembourg : lecture et digestion)
Lundi donc je range.
Je fais mes poches, je vide mes sacs ( pas seulement au sens figuratif, j’appartient à l’espèce de la femme à sac, gros de préférences, super plein, avec des pochettes et des recoins, une petite samaritaine ambulante, bourrée d’anxiolytiques et de gris gris et de rouge à lèvre et d’échantillon de parfum et de journaux et de plans….mon kit de base de survie à Paris et dans le RER )
Ainsi faire mes poches régulièrement, revient à un inventaire, jusqu’au raton laveur de Prévert….
-il y a ce que je charge
-ce que je décharge
-ce que je recharge au cours de mes promenades
Donc j’ai fais l’inventaire d’une semaine pleine d’imprévue, avec un constat assez accablant :
Pour 2 poches et 4 sacs, je sors 3 petites cuillères.
Grande, petite, courte ou longue, je suis atteinte du syndrome dit de la cleptomanie de la petite cuillère.
J’en reconnais une formellement : elle vient de la clinique.
Vient l’explication logique :
Ce tic de faucher tout truc qui touille et qui brille me vient d’une trop grande fréquentation des cliniques.
C’est un cercle vicieux, dans lequel toute fréquentation excessive fait entrer :
Dans les premiers jours, d’un premier séjour, en clinique psychiatrique, un constat s’impose :
La cantine manque de petites cuillères.
Alors donc vous vous retrouver a vous battre avec votre flan Flamby avec une cuillère à soupe, ce qui n’est pas sport, autant aller à la pêche à l’anchois avec une kalachnikov !
Egalement la clinique peut donner des cuillères en plastique.
Or, personnellement, je réserve le plastique aux piques niques.
Par jour de plastique en clinique, je pleure devant mon plateau dans ma chambre…
Donc après quelques semaines, à la guerre comme à la guerre, lorsque le hasard vous fait croiser une petite cuillère, une vraie en métal, rutilante, etc.… vous la gardez, chourez, piquez, alpaguez, rapacez, thésaurisez, confisquez (n’est pas Audiard qui veux)
Bon
Peu importe le style de l’embrouille, la petite cuillère convient par une auto autorisation à un usage rigoureusement personnel.
Pour ma part, c’est tout juste si je ne coucherais pas avec elle, ne partagerait pas ma cabine de douche.
Je suis son prisonnier
Elle est ma vache (je passe à Verneuil) (merci wikipédia)
Bien sur, je ne suis pas la seule à agir de sorte.
D’où la rareté de la petite cuillère.
Bien sur la clinique remplace…
Mais les malades changent aussi…
Et ainsi de suite…
Retour au stock d’inventaire.
Après observation l’une de mes petites cuillères conservées est longue et belle, elle sent bon la cuillère à sorbet.
Le constat est bien triste :
Ma kleptomanie ne s’arrête plus en clinique mais me suit dans toutes mes pérégrinations.
Amis !
Lorsque vous me recevrez, comptez vos petites cuillères, métal ou argent, je ne suis pas bégueule.
Pour le reste c’est sur, devant le juge, je serai encore obliger de plaider l’irresponsabilité…