Etre loin de soi
Etranger à son corps
A sa peau
A sa sueur
A sa voix
Oublié d’être
N’avoir jamais été
Ou réduit à l’état de particule
Ou bien un autre petit chose, certes, mais d’une forme élémentaire.
Etre une vague qui suit l’équinoxe
Ou l’écume enroulant une jonque paresseuse et opiomane
Etre un nuage, distrait et passager
Laissant tardée une trainée d’une ombre sur les champs.
Etre un coquillage fossile,
Enfoui sous le sable,
Profondément,
Loin du fond, du bruit du ressac
De cette éternelle lutte entre prédateurs
Cachalots
Calamars géants
Sous marins nucléaires
Etre une feuille portée par l’eau de la riviere,
Soumise au courant,
Soumise à la source ou au delta.
Le lichen décharné et gris de l’arbre,
Exister de lumières et d’un peu de pluie.
S’absenter du monde,
Comme le soleil s’éclipse
Comme une nuit sans lune
Poliment se défausser.
Etre vacant,
Etre en vacances.
Etre loin,
Comme ces vieilles fusées du vieux Méliès,
Voir la terre de très haut,
Ballon abstrait.
Marcher sur la lune,
Etre sur la lune,
Etre dans la lune,
Laisser le monde se débiner, se débrouiller,
Dormir dans une tente entre deux cratères,
Dans le silence.
Chut ! Le rêveur dort,
Respectons son sommeil !
Ainsi le monde du rêveur s’écoule
Contrechamps nécessaire
A tout notre tapage terrestre,
Terriens,
Affairistes,
Hystériques.
Ps :
Contre toute attente mon admission en clinique pour un énième sevrage alcoolique fut extrêmement rapide, du 6 au 27 de ce mois.