L’esclave de l’esclave
Préambule
Ou cœur antique
Petite cancre, ais je entendu Sophocle, Euripide, entre quartes murs de l’école ?
La voie des fantômes a d’étranges puissances
La malédiction de famille, l’inceste de dieux
Petite ! Mélangeons névroses, l armes, malédictions, loi des mâles, loi de l’oubli, la révolte d’Antigone, l’intrépidité d’Icare, le gout des flots bleus, l’amour du minotaure, le rêve des monstres
Du père dont le destin naissait
A coup de mots des morts, à coup de vouloir de mort.
A coup de coups simplement, je fis…
Mon cerveau de chair en spirale enchâssé au fond d’une coquille
Mon cerveau brouillé en page numérique
S’exprime par mots partiels, qu’un dieu récent : Winword, correcteur, redresse comme une vigne par trop sauvage
Esclave de l’esclave
Souvenirs !
Esclave de l’esclave
Esclave parfois sachant
On s’escrime à l’heure
De nos diplômes
No comment !
Trop faibles, trop forts, nos diplômes sont malséants
Mais
Il y eu de belles tranches de rêves et de paroles
Entre amphithéâtres
Sortie du cursus : petit soldat de plomb
Garde à vous devant l’APEC
L’ANPE des cadres
Je prenais le téléphone à AXA
Fallait noter les noms des agences, des agents
ZETAIS PAS CONTENT
De ne pas être reconnu dans leurs splendeurs
Un nom écorché
Un numéro d’agence mal remis
Des instructions mal prises : la grande serrure de la petites portes, la petite serrure de la grande porte ; flute ! Les points obligatoires de protection exactement décrit dans l’oreille de l’employé
C’était compliqué et simple
Ou simple et compliqué
Fallait compléter une proposition d’assurance dont ils étaient le pourvoyeur
Fallait pondre un contrat
L’idée de chanter telle la poule dans son moment de gloire
J’ai pleureur comme une madeleine
Cendrillon des assureurs, il n’y a pas de prince charmant
Juste des petits patrons et des têtes à couper
J’avais 25 ans
Juste de petits patrons de et des têtes à couper
Car
La chose au bout du fil
Dont ils ne surent le nom
Dont ils ne surent le visage
Car
La chose au bout du fil
Comme jadis la servante
La bonne
La souillon
N’existait pas
Sauf pour être détruites
Pleurer de lassitude le soir
Pleureur de désespérance le matin dans mon train
A l’aller du travail
Passant gare de Lyon
J’ai longtemps rêvé de départ
J’ai longtemps rêvé de rupture
L’homme dans la rue
Le clochard est mon jumeau par le sang
J’étais l’as de pique en fin d’itinérance
Dans une vie
De pifs et de paf
A ce travail ils réussirent
Travail au GAN
Etude des contrats de villes
Une soubrette qualifiée
Une soubrette
Se culbute
Jusqu'à la déraison
Chanson du MEDEF
Il n’y a pas de patron honnête
Il n’y a pas de patron prévenant
Il n’y a pas de bourgeois conscient
Il n’y pas de bourgeoises qui ne saurait
Entrer dans l’ombre de la gracile Marie Antoinette
Et s’accroche comme une ânesse à ses souhaits, ordres, volontés
Et ce chapeau de paille entrera tel tel quel, dans fond d’une valise
Sans respect du travail de l’artisan
Sans respect de la noblesse des matières (pour mes heures en chapellerie)
Revenons à notre bourgeois
Protéger par leurs homologues
Car la chienlit
Cette vaste rigolage
Serait Reine
Une fête
Sans eux
Une fête en vacances de leurs pressions
Peu importe le théâtre
Un homme dit de vertu
Condamne les propos malséants
Et le Chefs de départements appelle dans l’ordre
Le chef de service
L’adjoint du service
L’employé du service
Grande leçon d’ordre et de moral
L’employé de service
Ramener à son joug
Dos baissé
Il se fend en demandes de pardons
Tant bien même
Il sait la force de la rancune
Les mots s’étrangleraient dans le sang d’un poumon à demi voilé
Puis
S’enferment dans l’ascenseur
Va sous les étages
Hurlent et pleurent à l’infirmerie
Dans un foulard frappé de morve
Se tord dans une petite mort
En sous sol
Sous 40 étages de soumission
L’esclave de l’esclave
L’homme, la femme, l’enfant, la bonne et moi, le chat, le chien
Ces filles que l’on ne regarde pas
Ces hommes que l’on ne respire pas
Petites mains
Sous l’ordre de nos
Grands cerveau x de grandes écoles
Histoire de sang de l’esclave
Fierté de sang de l’esclave
Rebellerions des femmes
Malédictions de la sorcière
Les plus fières meurent de révoltes
Dans un silence incendiaire
Les plus faibles
Meurent d’étouffements
Dans le silence des pilules
Prisent-en sauvette
Blanc, bleue, roses
Arc en ciel du paradis
Sans paradis