Clinique psychiatrique
Dans les cliniques psychiatriques, il y a le mot psychiatrique.
Ainsi, donc, on croit pouvoir hurler son mal, son agonie,
ronger les murs avec ses ongles,
casser ses dents sur le carrelage,
déchirer son cœur en tout petits bouts
On croit.
A l’usage, on découvre que la clinique n’est que l’antichambre de l’enfer,
du HP,
de l’hôpital, du grand hôpital psychiatrique .
Là il n’y a plus de règle, ou bien si,
c’est une vie a l’état brut, le fort bute le faible a coup de langue sur la gueule,
les êtres errent comme des loups, sans queues, ni têtes, ni meute,
là, l’os sera ronger jusqu'à l’os par tout le clan.
Donc, à coté, la clinique, c’est peinard, des vacances de fresques fous.
On apprend à souffrir sans crier, sans casser, sans déranger ou se faire remarquer.
Notre douleur est blême comme cette brume du matin jadis dans les campagnes,
blanche comme nos visages.
On se ronge les ongles,
on se ronge le sang.
Je sais il est beaucoup question de ronger.
Mais la douleur acide ronge le cœur, ronge les nerfs,
au final notre cerveau.
Voyez ces gens émaciés, hagards, morts vivants, édentés.
Voyez l’armé de ce qui non rien que leurs peines.
Mais ici la maladie donc doit être acceptable, présentable.
Pourtant, parfois, on voudrait sortir du contexte,
des normes, hurler, tout casser, se rouler dans l’urine,
boire et boire encore jusqu'à oublier le nom de l’être qui boit.
On voudrait être informe de démence,
comme un quasimodo écorché,
des mains en fil de fer,
des yeux avec des larmes de fonte.
Mais non, on reste seule avec sa douleur,
dans la chambre, sur le lit,
avec un mini mini bidule calmant,
on respire bien comme il faut,
comme appris dans les exercices d’alerte, on lit ou on écrit .
On pense a une fleure d’orchidée,
action également appris dans les exercices de secours.
Au final, on gère son petit bobo
en place d’une souffrance à vous déchirer la peau,
a vous dépecer vivant.
Mais un jour, on se lasse de ces petits arrangements,
petites mesquineries avec quelques pourritures croisées ça ou là,
bien pensantes, fraiches et si pleine de santé, petites vermines,
petits vers nourries exclusivement de notre existence et de nos peurs.
Alors on crie,
on écrabouille,
on marmelade,
on massacre un coup,
justement pour marquer le coup.
Mais la satisfaction est de courte durée.
« tu ne tueras points ! » cela a été écrit, parait-il.
De reste,
après réflexion écologique,
même les cafards, on droit à la vie.
Enfin…
Mais, surtout,
les cafards savent se défendre,
sont nombreux,
organisés, tenaces,
bien mieux que l’homme équilibriste,
l’homme fragile, incertain de ses envies,
incertains de ses peurs, incertains, ô si incertain,
l’homme au cœur vulnérable…
Un jour je verrais un cafard logé dans la veine de mon bras
me parlant de ma condition d’homme.
Alors je prends le mini mini bidule et surtout j’évite de penser.