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Billet de blog 30 mars 2011

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Saint Denis

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Saint Denis

Ou la ville abandonnée abandonne

Faudrait

Avoir des yeux crevés

Des oreilles arrachées

Des doigts morts

Une colle de bêtise adhésive plaquée sur chaque sens

Pour ne pas sentir

Ne pas ressentir

Ce qui sue à chaque pore de peau

A Saint Denis

Tu me hais

Je te hais

Parce qu’enfin

Jadis ville des rois

Aujourd’hui ville de dernières ressources

Vivre à saint Denis

C’est survive

Au lycée de Saint Denis

Aux rues, aux RER bondés et indifférents

Vivre à saint Denis

Habiter, s’éduquer, se soigner

C’est toujours faute de choix

Et la misère éclate en pleine gueule

Tel un coup de poing

Derrières les Nike qui claquent au vent

Ou qui claquent tout court

Des mots

Des coups

Derrière la chaloupe

Des épaules en avant

La casquette en arrière

Le fute sur le sol

Se porte des chaînes et des chaînes

Et pas que pour la frime

Cette ville d’ouvrier

Productiviste

Construite pour produire

Et pas pour rêver

Ne pense qu’en cube

Cube de béton

Cube d’hlm

Cube de ZAC de ZI

(J’oublie des Z c’est sûr)

L’architecte n’a pas de cadeaux aux chanceux du loyer modéré

Cube du carrefour, principauté dans l’état

Avec ses vigiles et son rang de caissières

Et ses voitures gondoles

Et ses voitures caddies

Ses sacs plastiques

Echoués sur tous les boulevards, les périphériques

Ces boulevards avec une tête de périph’

Noyés de poussières qui hésitent entre le gris sale et le gris cafard

Echoués donc aussi sur toutes les choses pelées verdâtre, habituellement nommée jardins,

enfin par les élus,

Ceux de la parole professionnelle et des appellations très contrôlées

Sur la ville vole le RER

Et de voir les usines mortes

Vieux cadavres

Qui n’en finissent pas de pourrir

Les entrailles colorées à l’air

Crier des noms

Aux yeux des passants

Ici c’est ma marque

Ma tribu

Mon plate bande

Ma fierté

Que je ne la prête à personne

Chez nous, les actes gratuits, ne comprennent pas le prêt

L’échange ?

Ou ça ?

Il y a le plus fort

Il y a le plus frappé

Ici tout règne dans un règne animal

Ici, La couleur c’est une nouvelle héraldique

Et de clan en clan

Il y a craqué « pas d’amour pour personne »

Et du reste

C’est quoi l’amour

Un truc de faiblesse

Parce que nous

Nous survivons

La gueule haute

Et pas de cadeaux

Y a pas de ça ici en stock

Pas de cadeaux

Et pas de vote.

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