Des glaces sans tain
Des jours sans matin
L’aube blanche
De mon sang froid
De non vivant
Je t’ai tant attendu
Des glaces qui me refusent
L’image
J’ai cogné sans relâche
Enfoncé le point
Jusqu'à me forger enfin
Une âme
Car c’est de moi qu’il s’agit
Encore
Et encore
D’une tombe rigolarde
Qui contemple le cloché
Et le village au crépuscule
L’heure des lunes
J’ai la chair de poule
Et le plaisir des nocturnes
Clair-obscur
Je joue le noir
Par élégance
J’ai dit des lunes
Comme je dis
Des mers
Des mondes
L’iris est infini
Dans l’œil de l’aveugle
Mon visage
Se promène
Dans des ailes de chauve souris
Et hop
Par la fenêtre
Je contemple
Villageois et villageoise
Sale bête
Curieuse et affamée
J’aime tout le monde
Dans le tas
T’était là
quoi que je fasse
C’est toujours toi que je mors
« le chat sauve toujours
Sa langue aux sorcières »
dit la vieille remuant les cendres du bucher
de nos morsures
C’est la tienne qui fit le plus mal
A l’ombre du premier soleil
Je referme le couvercle
Le poison
Le chat
Mon cœur
Annoncent une journée agitée
Le soir
La vieille crachant sur mon sépulcre
« Il n’est de poison que les corbeaux ne picorent »
Ma tête est pleine de trou
Le cœur aussi
Mais l’air est doux dans le village
Et je retourne grignoter villageois et villageoises
Tant j’aime le monde quant il dort