Schéhérazade
Réfléchie
L’enjeu est toujours cruel et important
Là-haut déjà la lune apparait
Le vent passe entre ses voiles
Le vent emporte un de ces voiles
Qui monte à la lune
En doux murmure
Du fond de son bocal
Une sirène s’ennuie
Un vieux poisson rouge
Raconte des histoires
Sans plus de queue
Ni de tête
Mais farcie de fantaisie
Comme un gâteux de praline
Pour bercer sa mélancolie
Des oisillons tremblent de froid et de faim
Au fond du nid
Maman gazouille sous la pluie
Les ailes ouvertes
Contre le temps maussade
Maman conte
Le rossignol et l’empereur
Bien loin de la Chine
Un fakir mécanique
Une danseuse automate
Un géni dans sa lampe
Un diable dans sa boite
Le roi des rats
Un château pris de sommeil
Un sorcier malveillant
Un cygne noir
Un cheval blanc
Une cabane de nougat et de pain d’épice
Au fond d’un magasin d’antiquité
Quelques porcelaines
Réaniment le rose et le vermeil
De quelques personnages
Sous l’œil d’un vieux chat
Schéhérazade
Perrault
Grimm
Hoffmann
Andersen….
Dans l’enfance
Des mots comme ces bulles
D’un peu d’eau savonneuse
Montent au ciel
Bleu ou rose
Au gré du soleil
Au gré d’un imaginaire
Tissant son fils d’Ariane
Dans le labyrinthe
D’une chambre d’enfant
Dans la solitude
Mêlé de miel
Du cancre rêveur
La vie des chambres s’est enfilée
Une fenêtre sur un parc
Se surprendre à écouter
Les petits peuples du crépuscule
La vie des chambres s’est enfilée
Jusqu’à la perte des jours
Une serrure ne veut plus jouer
Des crocodiles jouent dans le jardin
Les murs grandissent en cages invisibles
Les bulles de savons sont devenus croquemitaines
A moins que
Ce ne soit la peau elle-même
Accrochée toujours aux mêmes brulures
Prise au vif
Ne soit devenue
Peau de cellophane
A ne quitter l’ombre des légendes
Au risque
D’anorexie
Un cœur en passe de transparence
Je te dis
Doucement
Je suis là
Encore là
Dans la pelote des mots
Je n’ai pas la science des tisseuses
Ni aucune de leurs patiences
Plutôt celle des jeteuses
A la terre
Aux étoiles
Aux sables des déserts
Aux vaisseaux des mers
Jeteuses de bouteilles après consommation
Aux passants
Je te dis
Je suis encore là
Dans la pelote des mots
Dans le vertige
Dans l’envol et la chute
Dans la nuit
Ou la lumière
Écoute-moi !
Ecoute ces mots choisis par mon cœur
Piétinés par nombre de mes nerfs
Balançant ente tarentelles ou langueurs
Ecoute-moi !
Les rêves sont des prisons
Une Atlantis engloutie
Une forêt de lilas enchanté
Un papillon fragile
Peut s’échapper d’une prison de fleurs
Mais démunie d’ailes
Il me reste
En tout moyen d’évasion
Qu’un une échelle de voyelles
Et ces barreaux de consonnes