Chambre 403
L’enfer
Est un trou noir et profond
Comme le vice
Des monstres effroyables
Font subir des supplices incroyables de férocités
Le mal
Revient au mal
Dans l’incendie des passions
Fait chaud en enfer
Saturé de rouge et de noir
Couleurs impitoyables
D’une humanité sans pitié
Cannibale dans sa nature
Ogresse d’appétit viscérale
Pour le gras
Le luxe
La soie
Le gout du pouvoir
Le gout du sang
Etre le maitre des éléments sur terre
Etre dictateur
Vivre au dépend de la peur du faible
Enfin
C’est l’image
De tour operateur
Balade avec Satan
L’église promet de grands voyages
A bas prix
Pourtant
A titre personnel
Je connais des enfers froids et blancs
Sans vraiment d’ hurlements
Ou sur un mode très amoindri
Juste quelques râles
De la douleur étouffée
De la douleur oubliée
Et reconnue comme telle par sa victime
Qui sait
Qui sent
sa plainte condamnée
A l’absence de réponse
Dans le méandre du lieu
Un homme décharné
Le corps
Le sexe
Dans un pyjama élimé
Promène sa perf
Au hasard
Des couloirs
Les couloirs
Hors
Des fantômes en perf
Sont absolument vide
Comme les petits salons
Mis à disposition des familles
Une table
6 chaises
2 revues médicales
Les couloirs
Les fantômes répondent gentiment
A cette question inconsistante
L’aide soignante aide à choisir le menu
D’un être en abandon
Salade russe ?
Purée de printemps ?
Les fantômes aux veines transpercées
Répondent
Pauvrement
Ils sont en mal de dents
Dentiste et dentier
Les vioques
Investissent
Sans remboursement
Ou si peu
Oui
La dent
C’est une dent dure
Aux temps
A l’argent
Aux pèzes
Au fric des implants
No tune
Le travail est vaguement nullos
Le vioque est toujours sans dent
Le dentiste part en vacances
Souvent
Etat du temps
Le vioque voit mal
Autant qu’il mange mal
Souvenir de mes 20 ans
Papi a paris, à l’hôpital
Pyjama sale
Et personne
Papi à paris
Est mort dans l’obscur d’une opération
Récemment anesthésiée pour un examen
J’ai reçu l’absence de mots de l’anesthésiste
Comme un poing dans la gueule
Ainsi est mort dans une solitude absolue mon grand père
Ainsi est morte dans une solitude absolue ma belle mère
D’êtres réduits à rien
A l’entrée du gouffre
Dans sa coquille de coton jetable
Sa charlotte
Comme ces juifs
Gazés jadis dans le blanc des douches ultimes
J’ai perdu des chats
Chez le veto
J’ai perdu mes chats aux ceux de mes bras
Aux creux de ma voix
Pourtant
Nous allons
Vers un froid polaire
Sous l’appellation de « réduction d’effectif »
Et des gens rêvent de bénéfices
Sur le dos de ces êtres décharnés
Et des fleuves de pleurs
De la fille, du fils, de l’époux, de l’épouse, de l’ami
Un vautour est plus noble
Un vautour mange les morts pour vivre
Par pour sucer des os des stocks options
Là-dessus
Parlons des carabins
Rois de services
Ou besogneux
Intouchables
Petits califes de ce champ de ruines
Drapés de déontologies
Et la morgue de longues études réussis
Ils passent impavides
A jeter quelques mots
Pièces d’or
Ou
Coup de bambous
Rois morveux
D’une arche de Noé en déshérence
Tels
Ces capitaines de supertanker
Chargés d’âmes
Comme autant de containers
L’ensemble va à la mer
Coute que coute
L’ensemble va à la mer
Océan bleue
Seul
Consolation des malheureux