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Billet de blog 31 mars 2015

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Bon chat, bon rat ! (la pétition de mon psychiatre)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce texte est une introduction à la pétition de mon psychiatre contre les propos de  Monsieur Debré Bernard, sur deux chaînes télévisées nationales aux JT de 13h00 sur France 2 et de 20h00 sur TF1, concernant le crash de l'Airbus 320 de Germanwings!!!

Comme présenter est soutenir, il m’a paru normal de faire une introduction, plus raisonnée qu’à l’habitude, sur le patient et le médecin en psychiatrie. Or comme aucun patient ne se ressemble, et donc aucun suivi ne ressemble non plus, autant parler du malade que je connais : moi

Pour être le plus concis et précis  j’ai relu mon petit-gros dossier que je me suis constituée au fil de mon suivi, pas par égocentrisme, mais j’ai eu une reconnaissance de travailleur handicapé et cette reconnaissance auprès de la Maison Départementale des handicapés (MPDH) ne s’obtient pas sans « biscuits ».

Cependant tenir un dossier sur un trouble de santé à long terme permet  de mettre son suivi, ses propres avancés, en perspective.

J’ai fait une première tentative de suicide à 23 ans, mes premiers entretiens psychiatriques remontent à cette période. J’en ai peu de souvenirs, ils n’ont ouvert aucune porte. Pour une raison très simple, pour sortir d’un milieu toxique (famille, travail par exemple) il faut des professionnels qui vous soutiennent sérieusement. Très vite le souhaitable échoue sur des problèmes matériels.

On entre par la porte médicale, on sort par la porte de l’assistance sociale, sauf que le social est une vache maigre mais je m’éloigne.

J’ai eu un « big bang »personnel quand en décembre 2006 j’ai entrepris un record personnel d’absorption de médicaments. Un atterrissage avec perte et fracas dans la clinique psychiatrique, qui commençait à me suivre pour des sevrages alcooliques. Mon réveil à l’hôpital fut extrêmement pénible, l’infermière également pénible, m’engueulant sur mon geste. Un grand moment de solitude, la tristesse de mon mari. A mon arrivée en clinique, j’ai failli tout simplement embrasser le psychiatre qui me suivait et me suit toujours dans mes hospitalisations.

Au fond, voulant faire court, j’ai dit l’essentiel du rapport psychiatrique

L’indifférence quand le professionnel est indifférent

L’attachement profond quand un professionnel vous écoute.

Reste l’image d’un tango, entre une dépressive « addict» et son médecin. Le refuge d’une addiction, le verre d’alcool est pratique, immédiat, réconfortant face à l’agression du quotidien, d’un peu de joie, de légèreté aussi. La voix du médecin qui rappelle mes risques de perte de contrôle, se fait l’interprète d’un corps qui souffre. Mon  psychiatre est un rééducateur d’émotion.

Bon chat, bon rat, est une pensée à mes passages en clinique, la tentation de l’évasion, le craquage, le retour au bercail, le « chopage »de puces, mais pas trop…car il faut continuer, trouver les ressources de continuer et ne pas briser la légèreté du lien psycho-dramaturgique. (C’est vraiment moi qui témoigne !)

Le docteur Rousseva, docteur qui a lancé la pétition que je vous présente, est mon psychiatre hors clinique. Elle me suit depuis 2008 (j’ai fouillé mes ordonnances, comme le temps passe…) Après ma tentative de suicide en 2006 , le traitement en clinique s’est orienté directement sur les troubles de l’humeur  et prescription du lithium. J’ai réagi naturellement en m’orientant vers un centre expert sur les troubles bipolaires, en l’occurrence celui de Créteil « Albert-Chenevier ».j’ai trouvé l’adresse sur le forum des bipotes, forum que j’ai aussi trouvé dans mes recherches. J’écris toujours dans ce forum .Je remercie la mémoire de Jean Jacques  d’avoir crée ce forum qui fonctionne comme un grand organe de soutien.

Et donc le centre expert m’a adressé au docteur Rousseva, car je n’étais pas dans son centre géographique de compétence.

J’en profite pour glisser un mot sur cette fameuse sectorisation qui maintient au niveau de l’hôpital public, la banlieue dans la banlieue et la médecine parisienne au parisien. Pour nous les conséquences sont scandaleuses.

Voila, je crois avoir dit l’essentiel  (je remercie mon mari pour sa relecture ,je remercie mon mari tout court, si mes psychiatres sont des bons chats , il doit être le roi des matous !)

Voici la pétition du docteur Rousseva :

http://www.petitions24.net/contre_les_interventions_dangereuses_de_monsieur_debre_bernard

Contre les interventions dangereuses de Monsieur DEBRE Bernard

Bonjour,

J'ai écouté hier, 28.03.2015, avec ahurissement, accablement, colère, sidération et les mots me manquent, les interventions de Monsieur Debré Bernard,sur deux chaînes télévisées  nationales aux JT de 13h00 sur France 2 et de 20h00 sur TF1, concernant le crash de l'Airbus 320 de Germanwings!!!

Pour rappel, c'est un ancien urologue, ancien professeur à la retraite depuis 2014, qui a été interdit d'exercice par l'ordre des médecins pour "manque de confraternité, manque de déontologie", démarche disciplinaire au sujet d'un ouvrage « pas très confraternel » et pas toujours en ligne avec « les données acquises de la science ».

Hier, cet homme a donné son avis en tant que Professeur sur les causes ayant amené le pilote de l'avion "à passer à l'acte"!

Il a notamment parlé des antidépresseurs qui "facilitent" les passages à l'acte; qui sont "des médicaments dangereux"! 

Il a mis parlé de psychose et d'acte prémédité.

Imaginons nous un instant qu'est-ce que nos patients vont conclure en entendant ceci?

Pour ma part, j'ai déjà plein de messages et d'appels: "Docteurs, j'ai arrêté le traitement, car je ne veux pas me suicider!" "Docteur, pourquoi vous ne m'avez pas dit que j'étais schizophrène?" et j'ai plusieurs annulations de rendez-vous sans aucune raison.

Tout ceci concerne des patients sous traitement depuis plusieurs années, qui travaillent, qui ont des familles et des responsabilités. Qui ont justement  échappé aux idées, voire aux tentatives de suicide grâce aux antidépresseurs.

Pour ma part, je compte porter plainte contre cet home auprès de l'ordre des médecins. Et si j'obtiens du soutien, je voudrais aller plus loin et chercher à organiser un vrai débat scientifique sur une chaine télévisée, mais je n'ai pas d'appui politique toute seule.

Si vous voulez me soutenir dans cette démarche pour interdire les interventions dangereuses de cet ancien médecin et en prévenir d'autres portant sur des sujets médicaux sensibles, je vous prie de signer cette pétition.

Docteur Angela ROUSSEVA

Psychiatre

Ancien Praticien Hospitalier - Ancien CCA  des Hôpitaux de Paris

7, rue Lamblardie

75012 Paris

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