Les murs des vieux mariés
enferment
les souvenirs en confitures
Les jours heureux se racontent en bocal
Sous une grande cloche de cristal
Au centre, aux creux, toujours, je crois enfin, un arbre :
De dentelles et de dragées
De Coquillages exotiques et perles de verre
De croix gravées au cœur d’un pain
De cœurs brodés de fil d’argent
En cuivre martelés
en nacre découpés
Bien serrés
entre des fils de fer compliqués
unissant l’oiseau empaillé au le papillon transpercé
A l’abris de la poussière des jours
Ronronne un monde de papier et de tulle
De bric à braque
de choses précieuses et de touts petits riens
Sur le mur
Le poète tenait clouté
Masques d’Afrique
Et mains de gitanes
Le cœur d’une biche
La peau de l’eskimo
L’œil de la baleine
une pipe couleur pomme
Redoutablement
Philosophique.
Des totems encore
des réclames partout
Tout ce qui traine
dans nos salles d’ententes
Interminable de l’existence
Plus
Quelques de ces cloches
D’amours naïfs , clos et pudiques.
Sur le papier devant moi
Se dresse
Comme une pousse
D’herbe rebelle
Une équation de lettre
Pour quelques inconnus
Dont j’oublie la douceur
Les mots qui s’alignent
Comme jadis
Ce petit train d’ORTF
Aux wagons plein de nez, de notes
Ou de point d’exclamation
Des bouches ouvertes pour faire O
Comme obsélemment ovraissemblables
Ecrire :
Dans le ciel bleu glisse les nuages
Non !
En réalité,
Dans la mienne
Et c’est tout dire,
les nuages étourdies laissent glisser le ciel
la réalité sort d’une cocotte en papier
A moins que ce ne soit un avion
La réalité vole silencieuse comme un planeur
le petit train tourne, tordu et beau sur l’infini
quant aux nuages ?
ils gonflent énormément
pour se briser
avec fracas
Comme un verre de vodka
Expédier d’urgence
sur le premier mur venu.