Comment faire face à la chronique d’une mort annoncée ?
Je n’arrive pas à répondre à cette question…
Pour beaucoup cette mort n’a que peu d’importance, à peine aura-t-elle un entrefilet dans les journaux, aucun faire-part de décès…même si on voit parfois se profiler, dans quelques articles, certaines interrogations.
Sans doute ne devrais-je même pas m’y intéresser, après tout je ne serai pas concernée, enfin pas tout de suite. Oui mais le problème c’est qu’en réalité je suis en plein dedans.
Dedans quoi me direz-vous… et bien dans la mort annoncée du notariat tel qu’on le connait.
Le notariat tel qu’on le connait, celui qui fait, que lorsque vous poussez la porte d’une étude, on vous reçoit 5, 10 minutes, une demi-heure selon la disponibilité, où une oreille attentive vous écoute, tente de vous conseiller, de vous rassurer.
Ne me dites pas que vous ne l’avez jamais fait !
Ce notariat, de proximité est, sans doute voué à disparaître, sacrifié par Monsieur Macron à l’autel de la finance.
Aujourd’hui la loi s’est « contentée » de sacrifier les petites études… allons soyons clairs, les études rurales, celles qui font beaucoup de petits actes, et qui pour les faire emploient des salariés, beaucoup de salariés. Juste entre 10.000 et 15.000 sur les presque 50.000 qu’emploie le notariat.
Eh oui, quand même !
Sacrifiées parce que la loi estime qu’une rémunération de 90 €, pardon de 10% du prix avec un minimum de 90 €, pour rédiger un acte est un minimum bien suffisant pour 10 à 20 heures de travail… foutaise !
Sacrifiées parce que la justification est que les petits actes, sont trop chers (qui coûtent au client en moyenne 600 € et au notaire qui les rédige 1.200 €), et empêchent en conséquence le regroupement forestier !
Allons, Messieurs les Enarques ce qui empêche le regroupement forestier ne serait ce pas, notamment, l’obligation de proposer aux voisins d’acquérir… voisins, qui au cadastre sont âgés, parfois de 90 à 128 ans ?
La réflexion basée uniquement sur des chiffres, des revenus médians, ne peut aboutir à rien de bon si vous ne prenez pas en compte l’humain.
Ces messieurs du gouvernement, en pourchassant les « hauts revenus », sont en train de tuer les « bas revenus » et surtout les seuls points d’accessibilité au droit en France.
Pourtant, l’accessibilité, cela devrait leur parler !
Il parait que le notariat doit se moderniser, téléacter, faire des actes électroniques… Mais cela se fait depuis des années Messieurs les politiques. Venez donc nous voir dans nos provinces retirées, vous verrez que nous sommes à la pointe de la modernité. Ce procès est un faux procès, un de plus !
Il faut remettre de l’humain dans notre société, pensez à l’intérêt du citoyen avant celui du dogme.
Que nous importe que Pierre, Paul ou Jacques aient un revenu élevé, si Julie, Clotilde, Rémi ou Antoine, pour un revenu bien inférieur assurent un travail de grande qualité, avec leurs collaborateurs, pour leurs clients qui en sont satisfait ?
Le dogme, en l’occurrence, tue l’humain.
L’Etat fixe notre tarif, mais il fixe aussi le prix d’achat de notre charge (c’est le cas de le dire), qui nous permet de travailler. En modifiant unilatéralement, le tarif, il met en péril tous les jeunes qui se sont installés ces dernières années, quand son credo est de permettre une installation libre, pour ces mêmes jeunes.
Pourquoi tuer ceux qui existent et qui sont JEUNES eux aussi, ils ont juste tenté l’aventure avant la loi Macron !
Le dogme, encore le dogme !
Et puis, comble de l’ironie, l'Etat plafonne les remises pour les gros clients (au-dessus de 10 millions d’euros) à 40%, alors qu’avant, la remise pouvait être totale… normal me direz-vous, les personnes aisées paieront plus (c’est dans le dogme)… oui, mais le revenu des notaires (qui ont ce type d’acte, il y en a peu, c’est clair) va naturellement augmenter… Or la prochaine révision du tarif sera fonction de la variation (à la baisse...) du revenu des notaires… Voilà vous avez compris.
Tout cela pour dire que s’il y en a encore qui doutent du but de cette loi… qu’il lève le doigt !
Pour moi toutes ces questions de gros sous me dépassent (même si je les comprends), elles me révulsent.
Le notariat s’est modernisé, le notariat est au service du citoyen, le notariat à une obligation d’instrumenter, le notariat est responsable de ses actes, le notariat assure une présence là où même l’Etat s’est désengagé, une présence active et à l’écoute.
Alors Merdum, zut, flute, saperlipopette et je reste très polie, que ceux qui n’ont pas d’estime pour le notariat, mais en ont pour leur notaire le dise,nt que le notariat se soulève pour soutenir ses valeurs, d’accessibilité, de compétence, d’écoute, de responsabilité.
J’aime ce notariat proche des clients, j’aime ce conseil pas toujours payé, mais souvent payant, j’aime ce métier de proximité, j’aime être juriste à plein temps.
Je veux bien devenir commerciale, même si pour cela il va falloir me former, mais si j’avais un rêve ce serait juste que l’humain perdure dans mon métier … et je ne suis pas sûre que cela soit le cas.
En tout cas je me lèverai demain pour tenter de réaliser ce rêve.