billet originellement publié sur le blog SOKNISATION le 3 janvier 2017
Si le Sahara avait un mode-d’emploi, j'en connais qui paieraient cher pour se le procurer ! Le service coloriage du Quai d'Orsay, les armées étrangères ensablées, les bien-pensantes ONG, les pouvoirs très "centraux" de Niamey et Bamako, les Nations-Unies et leur dispendieuse « mission de maintien de la paix », les nostalgiques voyagistes et, surtout, tous les soit-disant "experts" qui envahissent ondes et plateaux TV à chaque soubresaut sécuritaire de la BSS (bande sahelo-saharienne dans leur triste jargon). Ceux qui essaient de nous faire croire que, le mode-d’emploi, ils l'ont, qu'il le connaissent par cœur, qu’ils l’ont rédigé lors de leur récent séjour en vestapoche à Bamako.
Mais a-t-on déjà utilisé avec succès un mode-d’emploi au Sahara ? Un manuel de ce genre a-t-il déjà réglé le moindre problème en ces terres ? En ces sables ? Il me semble qu’en ces lieux, on se débrouille avec de la seconde, voire de la troisième main, que ça fait bien longtemps que les modes-d’emploi ont été égarés. Si mode-d’emploi il y a, il est en chinois… Tenez ! Voici déjà une chèvre en train de le mâchouiller …
Toute personne ayant, un temps soit peu, fréquenté le Sahara et les Sahariens le sait : tout finit toujours par s’arranger. Ca peut prendre du temps, beaucoup de temps. On croit même, parfois, que la solution arrive par le pourrissement. Le dénouement est rarement celui qu’on attendait. Néanmoins, sans aucun mode-d’emploi, ça a finit par s’arranger. Il a fallut être patient, accepter de ne pas tout comprendre, faire confiance, ne pas s’interposer et reconnaitre l’issue, avec pragmatisme, l’air de rien.
Faire confiance aux sahariennes et aux sahariens, a-t-on déjà essayé ? Et si on admettait que, le mode-d’emploi, on ne l’a pas, qu’on n’y comprend pas grand chose ? Et si on reconnaissait l’extrême complexité et surtout diversité des problématiques sahariennes ? Et si… Et si il était temps de gommer le coloriage rouge, orange et cramoisi, qu’en guise de mode-d’emploi, le Quai d’Orsay impose à des territoires immenses, aux réalités multiples ? Car stigmatiser ceux qui sont porteurs des solutions - éleveurs, commerçants, bergers, lycéens, fonctionnaires - ne devrait servir les intérêts de personne.
Le mode-d’emploi du Sahara, et c’est tant mieux, n’existe pas. Car, s’il y en avait un, nombreux seraient ceux, malintentionnés, qui paieraient cher pour se le procurer.
#GreenZoneForSaharianPeople