Merveilleuse et émouvante idée de Zoo-Project, jeune grapheur franco-tunisien, parti en Tunisie pour la toute jeune révolution.
Sa démarche consiste à peindre les nombreux morts de la Révolution sur des cartons, grandeur nature, et à les disposer dans les rues de Tunis. Depuis le mois d'avril, cette exposition en extérieur se déplace dans tout le pays : on peut suivre le déroulement de ce work-in-progress sur son site.
Bien loin de la vadrouille gratuite, bien loin d'un quelconque tourisme pseudo-militant, ces images, resituées dans l'environnement quotidien des jeunes "martyrs", prennent une épaisseur énorme. Ces 230 et quelques jeunes hommes, morts sous les coups de la police tunisienne, sont (déjà) l'objet d'une célébration "officielle" : ce n'est qu'une question de temps pour voir fleurir les "places Mohamed Bouazizi" et "les rues Mohamed Hanchi", quand la révolution tunisienne aura figé son histoire, sa légende, et qu'elle sera devenue un état.
Rien à voir avec ce que veut Zoo Project : "A mes yeux, ces figures ne sont pas des images mortes, des fantômes célébrés post-mortem. Ils n’appartiennent pas à un passé fantasmé, regretté. Ce sont des figures du présent, des compagnons de lutte."
Par-delà l'idéologie du sacrifice et du prix à du sang, les yeux de papier de ceux qu'on appelle "martyrs", au coin des rues, sont là pour rappeler que les traîtres sont toujours là, que la bataille du peuple tunisien n'est pas encore gagnée, que tout est encore à construire.
Zoo-Project se présente, et plus encore en images.
Pour en savoir plus : Article XI.