Bien sûr, ça ne s'est pas arrêté là.
201- fut un enfer.
Empoignades violentes, gifles, coups de boules, torsions des bras, prises des cheveux, j'ai le droit à à peu près tout, sauf les coups de poing. La fréquence des scènes varie : Au départ, ce n'est quasiment jamais tous les jours, il se passe plutôt 2-3 semaines entre chaque scène ; parfois, c'est quasiment tous les jours de la semaine. A chaque fois, le lendemain, il dit alors ne se souvenir de rien et s'excuse, puis redevient tendre et attentionné.
Le déroulé de ces violences évolue : elles deviennent plus fréquentes, parfois en public, et les motifs de plus en plus nombreux et futiles : Je me fais gifler un jour dans un café parce que je discute avec la serveuse dans un coin où des hommes jouaient aux cartes (c'est ce fait là qui me fut reproché) ; tirer les cheveux une autre fois devant un copain parce que j'ai osé lui dire que, vu la distance du commerce où on est et l'état de notre véhicule, il aurait pu s'abstenir d'y aller en voiture. Un soir , il me traite de conne, je réponds " toi-même" et les coups pleuvent. Peu à peu, je repère un schéma-type (une discussion un peu animée, un apéritif un peu chargé, de l'énervement croissant) qui me permet d'anticiper et de me réfugier dans une autre chambre avant que les coups n'arrivent, et cela réussit...parfois.
Au fur et à mesure également, ses excuses évoluent : Du garçon complètement anéanti parce qu'il a fait, même s'il ne se souvent de rien, (mais il admet volontiers que lui seul a pu faire ça), prêt à aller voir un psy , voire un neurologue, il finit par se souvenir de quelques bribes, et me fait certains reproches : "Quand je te dis d'arrêter, Annejulie, Arrête !" Puis, lors de certaines disputes, il me menace de "m'en mettre une". Il ne me dit jamais que c'est de ma faute, ou que je l'ai bien cherché, mais toute son attitude le sous-entend. Entre 2 scènes, le temps est parfois long, je reprends alors espoir que la vie redevienne comme avant , agréable, rayonnante, faites de soirées , sorties, sexe, visites chez les copains. Parfois c'est cela et j'en oublie quasiment tout ce qui c'est passé. Les rechutes n'en sont que plus rudes.
Et puis la maladie est arrivée. La vie redevient normale pendant un an à peu près...
Jusqu'à ce fameux week-end, le premier de l'année.
Ce soir là, fatigué et un peu affaibli, il demande à se coucher ; je l'aide puis retourne dans le salon, lui expliquant qu'il est un peu tôt pour moi (21h) et que je reste regarder un vieux film. Plus tard, il m'appelle, je lui réponds que le film n'est pas terminé. Brusquement, je le vois arriver, je me précipite pour l'aider. Il me pousse violemment. j'essaie d'amortir ma chute, en vain : Je me retrouve par terre, la jambe droite pliée sous la gauche. Il repart alors se coucher. J'essaie de me redresser, plusieurs fois, je n'y arrive pas. Alors, je me traine sur le parquet pour aller dans une chambre où j'arrive péniblement à monter sur un clic-clac.
Le lendemain, je suis réveillée par une douleur terrible : ma cheville est gonflée. J'appelle les urgences.
Verdict : cheville cassée.
3 mois et demi d'arrêt. 5 mois de rééducation (après opération), 8 mois avant de recommencer à courir spontanément, sans hésitation.
Après cette dernière scène, les violences s'arrêtent. A-t-il pris conscience du danger ? Ou la maladie a-t-elle trop progressé ?
Je l'ignore.
Quelques mois plus tard, à mon grand désespoir, il décède.
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