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Billet de blog 28 décembre 2025

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Infiniment violent

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis HPI. Haut potentiel intellectuel. Les deux sont indissociables, comme les deux faces d'une même pièce. Cette intelligence qui analyse, décortique, comprend tout à une vitesse fulgurante s'accompagne d'une sensibilité à fleur de peau, d'une perméabilité émotionnelle qui peut devenir insoutenable.

Parfois, dans certains moments de ma vie, ma sensibilité a dépassé mon intelligence. Quand la peur de la violence est devenue si envahissante qu'elle en devenait irrationnelle, quand la lucidité est devenue insupportable, on m'a enfermée en psychiatrie. Parce que c'est la solution que notre société a trouvée : quand on ne sait plus quoi faire de quelqu'un, on l'enferme.

Et là, j'ai découvert une vérité qu'on ne dit pas assez fort : en psychiatrie, on ne soigne pas les fous. On les mate. On les contrôle. On les neutralise. Le soin, le vrai, celui qui nécessite du temps, de l'écoute, de l'humanité, il n'existe pas. Pour soigner des esprits blessés, il faudrait avoir le temps de les écouter, de comprendre leurs blessures, de démêler patiemment les nœuds de leur histoire. Mais ce temps, personne ne le prend. Ce temps, le système ne le permet pas.

Les vrais médecins, les psychiatres, sont des fantômes. On ne les voit jamais, ou presque. Quelques minutes par semaine, si on a de la chance. Ils signent les ordonnances, valident les enfermements, mais l'humain au quotidien ? Absent. Par contre, les infirmiers et infirmières sont bien là, omniprésents. Et je ne juge pas leur parcours - deux ans d'école au maximum pour apprendre à soigner - mais je constate une réalité : beaucoup finissent en psychiatrie parce que personne n'en a voulu ailleurs dans le système de santé. La psychiatrie, c'est le placard du médical. Et ces gens qui ont eux-mêmes été rejetés, qui sont frustrés, épuisés, sous-payés, sous-formés, se retrouvent en position de pouvoir face à des êtres vulnérables. Et trop souvent, ils se défoulent. Autant qu'ils peuvent.

Il faut comprendre quelque chose de fondamental : l'intelligence est sensible, et la bêtise est violente. Ce n'est pas un jugement moral, c'est une observation. L'intelligence perçoit les nuances, ressent les non-dits, capte la complexité du monde. Cette perception aiguë rend vulnérable. La bêtise, elle, ne voit pas, ne ressent pas, et quand elle est confrontée à ce qu'elle ne comprend pas, elle frappe. Elle contient. Elle médicamente. Elle fait taire.

Et dans un monde où l'on ne veut plus d'assistantes sociales, où les budgets de la santé mentale sont réduits année après année, où la sensibilité et la douleur psychique sont considérées comme honteuses, comme des faiblesses qu'il faut cacher, c'est la bêtise qui triomphe. La brutalité administrative. La violence institutionnelle déguisée en protocole.

Le problème est systémique et d'une logique implacable. En France, on a remplacé le réflexe de la main tendue, l'entraide humaine, la solidarité communautaire, par une Sécurité sociale bureaucratique qui remplace l'humain par de l'argent, les relations par des procédures, l'écoute par des prescriptions. Un système qui coûte une fortune - tellement cher qu'il est lui-même constamment remis en cause, menacé, démantelé - mais qui ne remplit plus sa fonction première : prendre soin des gens.

Nous nous dirigeons, inéluctablement, vers une société de la bêtise. Une société où les gens intelligents, ceux qui pensent trop, qui ressentent trop, qui ne rentrent pas dans les cases, vont se retrouver broyés et exclus. C'est aussi bête que chou, et c'est exactement ce qui est en train de se passer.

À bon entendeur.

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