J'écris ce billet sous le coup d'une grosse colère. Vu passer sur le fil google style revue de presse sur android, un titre "L'enfer aux portes de Paris". Il s'agit de la Porte de la Chapelle où "on dénombre plus de 600 tentes occupées par des migrants livrés à eux-mêmes". ... "un spectacle hallucinant s'offre au regard: des dizaines de tentes et de cabanes de bric et de broc et des amas de détritus jonchant le sol."
On pense à l'enfer que vivent ces migrants, qui n'ont que le tort de ne pas être né au bon endroit, de ne pas être riches, de ne pas disposer d'un passeport diplomatique... qu'ont-ils fait pour mériter ça?
Ce n'est pas du tout le propos de l'article, qui ne leur accorde pas une pensée. Non, l'enfer, c'est celui des habitants du quartier, qui ont vu leur environnement se dégrader. Indéniablement, cela ne doit pas être agréable pour eux. Mais s'il y a différents étages dans l'enfer, ceux qui y sont bien le plus profondément jetés, ce sont les habitants de ces campements.
Bon, c'est Le Figaro... Quand même, comment en est-on arrivé à ce degré de cynisme? A force d'habitude, sans doute. Nous savons que des millions de personnes par le monde survivent dans des conditions indignes. Nous voyons que des milliers de personnes se noient en Méditerranée depuis des années, que les associations qui tentent de les sauver en sont maintenant empêchées. Que l'Europe durcit sa politique migratoire et met à mal le droit d'asile. Tout cela est devenu normal. Ce qui est inadmissible, c'est que des humains qu'on ne veut pas voir soient en bas de chez nous.
En toute bonne conscience, notre société d'abondance, de surabondance, traite les migrants comme des rebuts: ils n'ont aucun droit, ils n'ont rien, mais ils gênent par leur simple présence. Pendant que les multinationales, qui ont tous les droits et dont les capitaux, eux, passent les frontières à une vitesse supersonique, surexploitent et empoisonnent notre terre à tous, causant réchauffement climatique et extinction des espèces, et rendant de plus en plus de lieux inhabitables.
Rien de nouveau, pourtant. Juste un cri de colère. L'enfer, c'est d'abord l'égoïsme des possédants.