Annie 974 (avatar)

Annie 974

Abonné·e de Mediapart

41 Billets

2 Éditions

Billet de blog 18 février 2020

Annie 974 (avatar)

Annie 974

Abonné·e de Mediapart

Jusqu’à la dernière minute de la dernière heure

Dans les fictions, les héros sont parfois confrontés à ce qui paraît totalement insurmontable : ils sont peu, et en face les ennemis sont nombreux. Très nombreux. L’affrontement est inévitable. Au moment où tout semble perdu, un renfort inattendu fait basculer la bataille. On est content de les voir gagner. Mais on se dit parfois, ouais, les scénaristes, ils se sont lâchés.

Annie 974 (avatar)

Annie 974

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jusqu’à la dernière minute de la dernière heure : c’est la devise du crowdfundeur de fond.
Le crowdfunder, c’est une personne, ou plutôt dans notre cas, un groupe de personnes, qui cherche à faire financer un projet.
Alors tu crées ta page, tu décris ton projet, et tu motives tes futurs investisseurs par des contreparties sympas. Tu choisis une date de début, une date de fin. Puis tu te lances. Tu rameutes tes amis, ta famille. Des fois, t’as quand même l’impression de leur faire un peu les poches, mais c’est pour la bonne cause, pour notre projeeeeeeeet !

Alors un crowdfunding ou financement participatif, si on regarde la page d’accueil d’ulule par exemple, ça peut paraitre facile. T’en as, il leur reste pleins jours et ils ont déjà financé leur projet à plus de 100%. Il faut savoir une chose à propos du crowdfunding : on touche l’argent si à la date limite, on a au moins atteint les 100%, sinon on perd tout. En clair, si l'objectif n'est pas atteint, le projet s'éteint. C’est ça la règle.

Et c’est là que commence la quête de notre héro ordinaire, celui du crowdfunder de fond, qui va chercher, pourcentage, par pourcentage, à gravir les échelons qui le mèneront à son graal.
Je dois en être à ma troisième campagne de crowdfunding avec 8000mondes. C’est à chaque fois une bataille qu’on gagne au finish. On forme un groupe commando chargé déjà de se soutenir le moral. Le moral, c’est le carburant premier : y croire jusqu’à la dernière minute de la dernière heure, même si tout n’est pas rose.

On s’organise sur les réseau sociaux. On cherche à être visible : dans les journaux, à la radio, dans les librairies, cinémas, médiathèques, partout où on peut.

Notre ennemi, il est immense : c’est le monde dans lequel est noyé notre cible. Car en dehors de nos proches et de nos amis qui nous suivent parce qu'on est nous (et pis aussi que c'est vachement bien ce qu'on fait, il faut le souligner), il y a tous les autres, ceux qui pourraient aimer, si jamais on réussissait à les atteindre. 

Le ululeur débutant a bien du mal à savoir comment toucher sa cible. Et c’est cette bataille-là que nous devons mener chaque fois. Trouver les nôtres parmi l’immense foule des autres. Engager le dialogue. Convaincre. Grignoter. Pourcentage par pourcentage. Euro par euro. Dépasser les longs jours où le compteur roupille. Garder le moral. Se nourrir de chaque frémissement. Saluer chaque avancée. Et repartir à la charge.

Et puis un jour, arrive le couac : on voudrait bien y croire encore, mais l’horloge tourne, les minutes sont plus qu’acides. 68%, à l’heure où les  honnêtes gens vont se coucher, le dernier jour. Quand ils se réveilleront, le crowdfunding sera terminé, et le projet avec. FIN.

Jusqu’à la dernière minute de la dernière heure
Le crowdfundeur fidèle à sa devise continue quand même à se battre. Et tout dérape : la plateforme buggue, on ne peut plus rien faire : ni se connecter, ni payer. La cata dont on n’avait pas besoin. Au plus mauvais moment, évidemment.
Branle-bas de combat, on contacte la plateforme.

L’information finit par tomber : on obtient une semaine de rab. Et là, on se souvient de ces héros à la limite de perdre, et de ce qu’on s’était dit des scénaristes qui exagéraient un tantinet, quand dans la vraie vie, nous avons été sauvés... par un bug. Passée l'euphorie, on est tous allés se coucher. La dernière minute de la dernière heure venait d'être déplacée.

Par conséquent, l'aventure continue. Et si par le plus grand des hasards, la curiosité vous pousse, venez donc jeter un oeil à Greenpouce et donnez-nous un coup de pouce.

On vous attendra, soyez-en certains, jusqu’à la dernière minute de la dernière heure.

Illustration 1

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.