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Billet de blog 18 juin 2017

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Grenfell Tower, un désastre humain

Quatre jours après l'effroyable incendie, le bilan est toujours incertain pour la Grenfell Tower. Alors qu'on s'interroge toujours sur le nombre de morts, on commence aussi à s'interroger sur le nombre de survivants...

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La catastrophe de la Grenfell Tower n'a pas vraiment les honneurs de la presse française, toute occupée à introniser son prochain empereur ou se délecter des derniers rebondissements de l'affaire Gregory. La vie de quelques centaines de sans grades est bien peu de chose, face à ces événements de la plus haute importance.

Combien étaient-ils à l'intérieur ? C'est quand même la question qui vient immédiatement à l'esprit, quand on voit les images de l'incendie qui a fait rage. Et ce sont ces images qui te cueillent au réveil un mercredi matin. Les Français de l'océan Indien découvrent ça "en primeur" avec les insomniaques de l'Hexagone. Peu d'informations. Réflexe twitter à la recherche d'un hashtag pour en savoir un peu plus. Et j'ai fini par tomber sur le live du Guardian.

C'est là que j'ai appris que les pompiers étaient arrivés 6 minutes après avoir été appelé. Que les flammes ont atteint le haut de l'immeuble en 11 mn. Que les gens avaient pour consigne de rester à l'intérieur en attendant les pompiers, parce qu'un système anti-feu isolant chaque étage avait été mis en place.
Tu ouvres bien grand les yeux quand tu apprends que des travaux de rénovation pour 8,7 millions de livres ont été achevés en 2016. Et encore plus quand de l'avis des pompiers, la propagation rapide de l'incendie est probablement du à un revêtement extérieur hautement inflammable."Il n'y a que ça qui peut expliquer une propagation aussi rapide et de cette ampleur". Ah...
Pas d'alarme incendie générale, c'est à chacun d'en avoir une chez lui. Résultat : c'est quand la fumée arrive chez toi que tu es prévenu.
Pas de système d'arrosage anti-incendie non plus...
Très vite un paysage social se dessine : un association de propriétaires, des entreprises dont l'une vire de son site internet illico-presto sa participation à la rénovation de la tour, et là tu sens poindre la sécurité au rabais, mais t'es loin d'imaginer ce que tu vas apprendre quelques jours plus tard... 5000 livres, c'est l'économie réalisée par le choix d'un matériau hautement inflammable en revêtement extérieur, contre son alternative résistante au feu. Alors que ce revêtement avait déjà causé une catastrophe similaire à Melbourne en 2014 (ça c'est une information qu'on a su dès le premier jour).

Étonnamment, s'interroger sur le nombre de personnes à l'intérieur ne va pas de soi. J'ai vu passer le chiffre de 120 appartements un jour ou deux après l'incendie. Ce qui est égrainé heure par heure par contre, c'est le compte officiel des victimes. Je crois qu'on en est à 58, même j'ai perdu un peu le compte. Car c'est toujours accompagné du même "ces chiffres risquent de probablement augmenter dans les jours qui viennent".
On peut aussi dire que les pompiers ont sorti 65 personnes des flammes. Et 74 personnes ont été traitées par les ambulanciers.

Mais combien étaient à l'intérieur ? Combien ? Ce chiffre n'a toujours pas été sorti depuis mercredi. Il n'y a rien d"officiel là-dessus. Juste un non-dit. Un vide. Que la rage finit par combler :

Emotional Resident Nadia talks about Grenfell Tower © Anita Chow

Alors je ne sais pas s'ils étaient 500 comme il est dit dans cette vidéo, et j'ose espérer que cette vidéo n'est pas une fabrication. Mais, je me pose la même question : où sont-il ?
On parle de quelques dizaines de personnes sorties des flammes ou intoxiquées par la fumée. Mais ils étaient vraisemblablement des centaines là dedans. Combien ? 300 ? 500 ?
De la première journée je me souviens qu'il avait été dit que les réfugiés dans le gymnase étaient surtout des évacués des bâtiments voisins.
Je me souviens aussi que dès le lendemain, on avait demandé l'arrêt des dons en nature - dont on ne savait plus que faire, et de préférer des dons en argent. Ces récoltes aussi ont été rapidement fermées. Je crois qu'il n'y a plus qu'un organisme qui s'occupe de ça maintenant....

Alors, ces derniers jours, on nous a effectivement montré des gens paniqués qui cherchaient des proches. Et la panique s'est transformée en colère, parce que les réponses tardent.
Que l'identification des victimes soient un travail qui va prendre du temps, compte tenu de l'état de la tour et par conséquent de ceux qui sont restés coincés à l'intérieur, ça peut se comprendre.

Mais combien étaient ils - officiellement - là-dedans ? Combien ont été sauvés ? Ça fait deux listes à comparer.
Et si cette dame disait vrai, qu'ils étaient dans les 500 et que la plupart sont restés là-dedans parce qu'ils ont attendu les pompiers qui n'ont pu en sauver que 65, compte-tenu du peu de temps qu'ils ont eu pour faire leur travail, à quoi ça sert de le cacher ? On peut trouver des images de l'incendie partout. Comment peut-on sortir d'un brasier pareil ?

Un témoin qui vivait à je ne sais plus qu'elle étage (18 ? 21?), a expliqué qu'il est sorti avec sa mère âgée dès que l'alarme incendie les a réveillé chez eux. Ils ont pris l'escalier de secours, et ils ont été sauvés de justesse, alors qu'ils suffoquaient après avoir enjambé nombres de corps à terre - ils devaient être arrivés vers le 5eme étage ou encore plus bas, je ne sais plus et étaient partis quasi tout de suite. Ceux qui ont tardé n'ont eu aucune chance, dit lui même le témoin parlant de fumées qui s'intensifiaient.

Voilà très crument la réalité de ce qu'on pu vivre ces gens. Pris au piège dans une tour rénovée, dont le système de protection incendie a été rendu inefficace par l'adjonction d'éléments extérieurs qui ont permis au feu de se propager à grande vitesse.
On lit aujourd’hui que c'était prévisible et évitable. Si c'est le cas, on est dans un acte pleinement criminel, puisque la réaction qui s'imposait n'a pas eu lieu.
Et ceci dans l'indifférence des grand médias de notre pays. Ce ne sont que des victimes d'un système économique, pas d'un attentat.
Circulez, ya rien à voir !

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