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Billet de blog 11 juillet 2011

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Vacances paradisiaques des très riches (1)

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Vacances paradisiaques des très riches... A quel prix ?

Après avoir admiré les innénarables photos de vacances de nos zélés zélus dans l'excellent article "roman-photo de l'été" : L'enquête Mediapart: les documents Takieddine Le financier secret qui met en danger la Sarkozie Par Fabrice Arfi et Karl Laske en une de Mediapart et avoir attenté à la santé de Corinne N, qui a failli s'étouffer en lisant mon commentaire ce matin chez Cacochyme, où je racontais mon boulot dans l'hôtellerie de luxe à Méribel, dont les clients très fortunés payaient 180.000€ la semaine de séjour en demi-pension ; me sont venues quelques réflexions.

Le Figaro, journal que l'on ne peut pas taxer de gauchisme exacerbé, titre : Trois millions de Français partis en vacances en 2010 y renonceraient cette année, et plus de la moitié de ceux qui prévoient de partir comptent rester en France. Des vacances moins longues et à budget réduit. http://www.lefigaro.fr/conso/2011/03/31/05007-20110331ARTFIG00453-trois-millions-de-francais-renonceraient-aux-vacances.php

L'observatoire des inégalités (oui, ça existe !) titre : 47 % de la population n’est pas partie en vacances en 2010 selon les données du Crédoc Vacances 2010 : Les contraintes financières favorisent de nouveaux arbitrages. Le taux de départ en vacances a légèrement augmenté du milieu des années 1980 jusqu’à la fin des années 1990. Depuis, il s’est sensiblement réduit. Un peu plus de 40 % des ouvriers partent en congés chaque année, contre 70 % des cadres supérieurs. Et encore, entre catégories, on ne part ni aussi souvent, ni aussi longtemps, ni dans les mêmes conditions. http://www.inegalites.fr/spip.php?article94&id_mot=96

Qu’est-ce que partir en vacances ? Les données présentées ici considèrent que l’on part en vacances quand on part pour au moins quatre nuits consécutives hors de chez soi pour des raisons non-professionnelles. Du coup on englobe dans le même mot des congés très différents : une semaine à la campagne vaut autant que quatre semaines aux Seychelles.

Ceux qui partent plusieurs fois : Partir est une chose, mais les vrais privilégiés sont ceux qui peuvent le faire plusieurs fois par an. C’est le cas pour 22 % de la population. Les cadres sont 43 % à être dans ce cas, mais les ouvriers quatre fois moins nombreux. Pouvoir s’offrir des congés hors de l’été reste un luxe pour la grande majorité.

Un quart des enfants ne partent pas en vacances. C’est le cas pour 5 % des enfants de cadres supérieurs mais 34 % des enfants d’ouvriers. Pour un peu plus d’un quart des enfants de 5 à 19 ans, les vacances ne sont pas synonymes de départ du domicile, selon les données de l’Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (OVLEJ). Le taux de départ est particulièrement faible chez les enfants d’agriculteurs (46 %), de retraités (40 %), d’inactifs (44 %) et d’ouvriers (34 %). Une fraction très minime des enfants des catégories les plus aisées, de l’ordre de 3 %, ne part pas en congés, contre plus de 40 % des enfants des familles les plus démunies.

Des aides au départ en vacances inéquitablement réparties : Un peu plus d’un quart des 5-19 ans dont le revenu annuel de la famille est compris entre 46 000 et 68 000 euros partent en vacances grâce à des aides de comités d’entreprise. A peine 6 % de ceux dont le revenu de la famille est compris entre 9 000 et 12 000 euros par an bénéficient d’aides de la Caisse d’allocations familiales (Caf) pour espérer quitter leur domicile pendant les vacances solaires, aucun de ceux-là ne reçoit d’aides de comités d’entreprise. La population aux revenus les plus bas ne dispose pas des aides au départ proposées le plus souvent par les comités des grandes entreprises et qui profitent plutôt aux enfants des cadres supérieurs. Quant aux aides des Caf, elles semblent mal réparties et ne ciblent pas en priorité les familles qui en auraient le plus besoin.

Je suis aussi tombée sur le jugement des assassins du fils du Président du Tchad : http://www.20minutes.fr/article/754991/quatre-hommes-condamnes-mort-fils-president-tchadien-idriss-deby

Le Tchad, c'est loin, vous vous rappelez quand même que notre Président et son frère (non ! pas celui des retraites, un autre...) s'y était illustré, dans l'innénarable histoire de "l'Arche de Zoé"... Quel rapport ? Me direz-vous... Il se trouve que Brahim Deby était client du chalet à 180.000€ la semaine où j'ai travaillé et qu'il y a laissé des souvenirs de ces frasques de milliardaire. Perte de sa carte gold après avoir retiré 2 fois 30.000€ en espèces, dans la même journée, au distributeur pour de menus achats... Garde armé dormant sur le paillaisson de sa chambre et l'accompagnant, toujours armé sur les pistes, ne mangeant exclusivement que hamburger et pizza (dur pour la cuisinière gastronimique), troupeau de call-girls... D'ailleurs quand il est mort à 27 ans, en juillet 2007, en banlieue parisienne : Ivre et drogué après une soirée passée en boîte de nuit, il avait succombé à une détresse respiratoire. Son appartement avait été soigneusement fouillé par ses assaillants et ses poches vidées des 50.000 euros qu'elles contenaient. Lors du procès, la cour s'était intéressée au train de vie somptuaire de Brahim Deby. L'enquête de police avait révélé des locations de voiture de luxe, des sommes mirifiques dépensées en boîtes de nuit et restaurants parisiens (pas moins de 20.000 euros la veille de son décès) ainsi qu'une villa de luxe à 40.000 euros la semaine réservée pour des vacances à Saint-Tropez. Brahim Deby avait été condamné en juin 2006 à six mois de prison avec sursis pour port d'arme et détention de drogue par le tribunal correctionnel de Paris.

Quel rapport ? Me direz-vous... Il se trouve que le Tchad est un pays très riche, d'où le train de vie du jeune homme, où le pétrol coule à flot. Mais, malgré l’or noir, le Tchad connaît un taux de pauvreté extrêmement fort. Les conditions de vie et de travail ont même empiré depuis le début des forages pétrolifères, en 2003. Selon les estimations, quelque 80% de la population du Tchad vit en-dessous du seuil de pauvreté. La majorité des habitants dépendent des productions agricoles et du bétail. Dans l’index de développement humain des Nations Unies, le Tchad arrive 170e sur 177 pays. La mortalité infantile est élevée: 8% meurent durant leur première année et 20% décèdent avant leur 5e anniversaire, selon l’ONU. Le pays est riche en ressources naturelles mais ces dernières ne sont pas utilisées pour réduire la pauvreté, la corruption touchant les autorités. L’exploitation du pétrole a commencé en 2003 au Tchad, avec un accord, conclu sous l’égide de la Banque mondiale, qui prévoyait que le gouvernement perçoive 14% du total des revenus du pétrole. Près de 16'000 barils de pétrole sont produits chaque jour au Tchad. Esso, une des premières compagnies à s’être implantée au Tchad, estime que le pétrole a rapporté au total 4,3 milliards de dollars au pays en 2008. Une loi stipule que 5% des revenus du pétrole doivent être alloués à des programmes de développement dans la région sud de Doba, région d’extraction pétrolifère. 20 autres % doivent être consacrés au développement de différentes régions du pays et 10% sont prévus pour les «générations futures. Mais tout cela reste sur le papier. En réalité, la corruption touchant les instances gouvernementales a fait que la population n’a pratiquement rien vu de la manne du pétrole. Les revenus ont été consacrés à augmenter les dépenses militaires ou d’autres dépenses dont on ne voit pas le résultat. Il y a pire encore : la production de pétrole a poussé les coûts de la vie quotidienne vers le haut, tout en amenant de nouveaux problèmes environnementaux et en faisant disparaître la production traditionnelle. La majorité des habitants n’a pas d’accès à l’eau potable, les conditions sanitaires sont insuffisantes et le système éducatif reste pauvre. De plus, les compagnies pétrolières n’engagent pas d’ouvriers locaux mais importent leurs propres ouvriers. Il n’y a pas de programme de formation pour la population locale. Les paysans qui ont perdu leur ferme, remplacée par une raffinerie, n’ont pas de possibilité de se recycler. Les signes de ras-le-bol se multiplient. La population commence à se mobiliser pour faire valoir ses droits vis-à-vis du gouvernement et des compagnies pétrolières. Le gouvernement tchadien a signé l’année dernière une «Initiative pour accroître la transparence des paiements et revenus dans le secteur des industries extractives», qui pose des standards globaux pour améliorer la transparence dans l’industrie du pétrole, du gaz et des minerais. C’est une étape particulièrement importante, car l’extraction d’or, d’uranium et de calcium, découverts depuis le début des forages, pourrait commencer bientôt.
Ben oui, les p'tis tchadiens ne connaîtront pas de sitôt Méribel, Courchevel ou St Tropez... Mais ils aimeraient bien au moins bouffer.

voir : Tchad: les enfants-soldats, «armes légères» de toutes les troupes 17 mars 2010 | Par Damien Dubuc sur Mediapart

En attendant leurs vacances les petits tchadiens vont voir nos "éperviers" partir : "Tchad – Prochain champ de guerre de Sarkozy ?" http://kaisa.canalblog.com/archives/2011/07/09/21572050.html, ben oui ! c'est rigolo la géo-politique, y'a des rapports entre le Tchad, la Lybie et le Cameroun (où passe les oléoducs), avec tout plein de Pétrol et des pions à nous posés un peu partout... Mais je m'égare... Ah ! juste un truc en passant, je ne sais pas où Christine Lagarde (qu'est-ce qu'elle est bronzée !) et Dominique Strauss-Khan (qui bouffe des pâtes aux truffes) vont passer leurs vacances, mais la Banque Mondiale (sensée aider les pauvres) a de drôles de manigances au Tchad, à lire et voir, si vous voulez tirer sur la pelote : http://www.alternatives-economiques.fr/petrole-tchadien--la-banque-mondiale-retire-ses-billes_fr_art_789_39214.html

Des fonds européens financent la pétro-dictature tchadienne 14 octobre 2008 | Par Maguy Day sur Mediapart

http://www.bastamag.net/spip.php?article777

www.dailymotion.com/.../xdwxc2_tchad-main-basse-sur-l-or-noir-1-3_n...

www.dailymotion.com/.../xdwxlm_tchad-main-basse-sur-l-or-noir-2-3_n...

Moi, c'que vous en dis... Je ne suis pas spécialiste en géo-stratégie, j'appartiens au bas peuple, je suis cuisinière.

A défaut de partir en vacances avec Brice et Jean-François sur un yatch, je vous aurais fait voyager et en plus je vous ai laissé un bon polar entre les mains, si vous décidez d'y aller voir de plus près via l'ami Gogol, ça devrait bien vous faire juillet, non ?

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