Je viens de lire le savoureux article du Point sur la longue descente aux enfers du pauvre Eric Woerth : Eric Woerth "profondément déçu" par le manque de soutien de l'exécutif (Le Point) Pas souvent, que le journal Le Point me fait rire, j'ai cru qu'il avait embauché Sebastien Fontanelle, c'est dire !
Entre la poire et le fromage, l'ancien ministre nous confie son désarroi... Soupir. Il commande du pain perdu. En le dévorant, il s'avoue "profondément déçu par l'attitude de Matignon".
L'idée, que dans les restaurants huppés, on serve du "pain perdu" a rempli de joie ma matinée.
Eric, toi qui a l'air d'adorer le pain perdu, je vais t'en confier la recette, car je crois que tu vas en avoir besoin.
Vois tu, Eric, le "pain perdu" est le plat emblèmatique des pauvres, cuisine que je connais bien, dans certaines contrées, on appelle cette recette le "pain pauvre bonhomme". Si un jour on m'avait dit que je devrais donner un coup de main à M. Woerth... J' l'aurais jamais cru ! Mais la solidarité étant une vertu dans le lupem prolétariat, nous t'acceuillons dans nos bras Eric, viens, prends toi une chaise, assieds toi, mon pauvre vieux. (recettes gracieuses à dispositions pour Messieurs Ben Ali, Servier, Duvalier et consorts, lâchés de la république ingrate)
Donc, tu prends le vieux pain qui traîne sur la table à la fin du repas et au lieu de le foutre à la poubelle, comme tu en as encore la sale habitude de nanti gavé (va falloir te soigner, Eric), tu le mets soigneusement à l'abri dans un sac en coton (Flo, qui n'a plus que ça à foutre maintenant, va te coudre ça fissa). A la fin de la semaine, quand tes enfants éplorés, des cernes de faim colorant leurs joues pâles, te supplient de leur donner quelque pitance et qu'il ne reste plus qu'un oeuf, tristement au fond du frigo blême de ton HLM du même nom, tu ressorts ma recette. Tu prends ton sac de vieilles croûtes de pain, tu les arroses de lait (si tu n'en n'a plus, va chez la voisine arabe, elle t'en donnera), tu y mêle ton dernier oeuf et un peu de sucre (quoi, t'as plus de sucre non plus ? Retournes chez Fatima la généreuse, tu lui rendras quand t'auras touché le RSA), tu mélange tout ça avec une fourchette et tu jette le tout dans une poêle huilée ou beurrée (s'il te reste du beurre... Va falloir apprendre à mesurer et prévoir, Eric !). Si tu as de la cannelle (moins chère et meilleure, en sachet chez Ali, l'épicier du coin de ta cité, que chez Ducros à Auchan) tu peux encore agrémenter ta recette. Goûtes-moi ça Eric, c'est-y, pas bon ?
Eh, Eric ? T'as vu ? Matignon... ça rime avec ?... Croûtons !