23 Juillet Astrada de Marciac 21h
Jocelyn Meinielle/ Christophe Chassol :
Dress Code
Voilà un spectacle pour lequel je ne peux formuler que des regrets....pas tout à fait raté, mais pas tout à fait réussi à mon goût.
Pourtant le concept de départ était intéressant et alléchant à priori: penser un concert comme un spectacle total, une espèce de long métrage hybride fait pour les oreilles. Entendre, écouter, imaginer, se perde un peu.. et relier entre eux par la musique un moment, un lieu, une action.
Du théatre classique en somme mais sublimé par une musique vive et anticonformiste, soutenu par une bande- son. C'était plus qu'une bonne idée.
Sans compter que les deux musiciens à l'initiative de ce projet sont des «pointures» comme on dit, des créateurs dont on aime le jeu et la qualité. Je les ai plusieurs fois entendus et appréciés fortement dans d'autres formations et sur d'autres projets et je sais que la musique qu'ils développent est novatrice et forte, qu'elle sait parler à la fois à l'intelligence et à l'émotion.
Ils ont choisi un récit en arrière plan qui met en scène un moment suspendu dans la nuit, une sorte de fête dans un futur proche, en surchauffe, au bord du gouffre, sans idéal ; avec des morceaux musicaux qui se lovent entre les bribes du récit. Tantôt vifs et groovants, tantôt âpres et inquiétants, ce sont des petits bijoux ciselés, tout à fait remarquables, jamais les mêmes, jamais trop évidents. On les écoute avec un réel appétit et un réel bonheur.
La virtuosité et le discours à la flûte de Jocelyn Meinielle sont ébouriffants,créatifs ; la présence et le jeu de Christophe Chassol à la fois sobre et solaire et Mathieu Edouard à la batterie a un phrasé organique et délicat qui se marie parfaitement aux deux autres. Ces trois là suffiraient donc à une écoute sans restrictions. D'autant plus qu'entre eux règne une complicité permanente.
Pourquoi donc le concept ne fonctionne t il pas vraiment? Du moins sur moi.... je m'en excuse et je m'en suis presque voulue au départ... Il y avait tant de bonnes choses...Mais rien à faire, je n'ai pas réussi à entrer dans les moments proposés. J'ai décroché du spectacle et pire, j'ai fini par ne plus entendre la saveur des morceaux musicaux. Les raisons en sont multiples sans doute, certaines majeures, d'autres secondaires.
La première et la plus importante est peut être la pauvreté littéraire du texte ( désolée pour Amaury Chardeau qui fait mieux d'habitude). On folâtre dans les clichés anxiogènes et attendus ( méduses et ange Gabriel), les redites ( trois fois des asphodèles c'est un peu beaucoup..) et des scènes rebattues, peu porteuses (ah le cadavre dans la piscine.., ah l'amour dans les asphodèles encore..)
Je me suis surprise à rêver de ce qu'on aurait pu créer avec la surréaliste fête du «Grand Meaulmes» comme support par exemple. Autre point difficile pour moi: la voix off, trop blanche, trop impersonnelle, trop peu incarnée, trop lointaine et j'ai pensé aux voix d'Isabelle Carré ou d' Ariane Ascaride dans le même exercice... ( en tous cas ça m'a fait penser...c'est sûr ).
Les illustrations sonores aussi m'ont interrogé. Quelques fois redondantes ( la voix dit que le personnage entre dans la maison.. bruit de porte qui grince, que la pièce est vide, bruit de pas qui résonnent)...quelques fois incongrues ( mais pourquoi pas?)
Et puis il y a le rappeur Mike Ladd . Je dois dire que j'ai beaucoup aimé ses interventions: une voix magnifique, habitée et porteuse d'émotion, un sens du groove et un phrasé d'enfer.
Et une vraie présence scénique.
Sauf que, ne parlant que fort mal l'américain, en comprenant encore plus mal le parlé-rappé, j'ai eu l'impression de raté (!) beaucoup de choses, beaucoup de signes. Et que je me suis demandée ce qu'il faisait là... puisque c'était un spectacle total, tout devait forcément avoir un sens et là je ne l'entendait pas.
Il aurait sans doute fallu peut être simplement se laisser porter par les propositions, sans prendre garde aux incohérences, les accepter telles quelles....
Ou alors ce spectacle, mériterait il quelques ajustements? Ou bien c'était peut-être moi qui était mal lunée ce soir là.( pour un spectacle de nuit quelle erreur !!)
Bien des regrets donc, soit d'avoir vu un spectacle à moitié abouti et bancal, soit d'avoir été moi, en deçà de l'ouverture d'esprit nécessaire et bancale également...
Jocelyn Meinielle: flutes /chant/
Mike Ladd: Chant
Mathieu Edouard : batterie
Christophe Chassol: piano
Agrandissement : Illustration 1