La crise sanitaire du coronavirus nous préoccupe en premier lieu; mais nous devons penser à la suite, et il ne faut pas attendre, c'est en pleine crise qu'on peut bousculer et changer les choses; de même que les gouvernements décrètent l'état d'urgence et font aussitôt passer des lois liberticides qui finalement perdurent, nous, société civile, devons décréter l'état d'urgence sociale et imposer les mesures monétaires radicales qui nous semblent les plus évidentes, les plus justes et les plus adaptées au moment, mais qui pourront aussi durablement apporter plus de justice dans notre société.
Les ministres des finances européens se concertent en ce moment-même pour décider du financement du fonds de secours exceptionnel nécessaire pour atténuer les effets de la crise du coronavirus, soit 200 Milliards d'euros minimum.Très bien, constituer un fonds commun, avec des coronabonds, et mutualiser la dette qui en résulte paraît être une bonne preuve de solidarité européenne.
Mais cela reste une dette, qui viendra se rajouter aux dettes préexistantes et qui soumettra les pays à des obligation d'austérité et de privatisations, comme cela s'est toujours passé jusqu'à maintenant. Et cela, on ne peut pas l'accepter, car c'est le peuple, qui encore une fois, souffrira, avec des services publics encore plus dégradés, éventuellement des pensions diminuées ( comme cela s'est passé en Grèce), des impôts augmentés, des épargnes populaires mises à contribution, des privatisations, etc...
Conclusion: ce fonds de secours ne doit pas être un emprunt, mais un fonds propre non remboursable et sans contreparties. Impossible? Non!
Les 1000 milliards d'euros par an qui sont estimés être dus et perdus par les administrations fiscales des Etats européens à cause de l'évasion et de la fraude fiscales doivent être mis à contribution! Les autorités doivent geler ces sommes et les utiliser comme un avoir. Il n'est pas normal qu'en temps de crise mondiale aussi grave, où les travailleurs font leur part d'effort et où les répercussions sociales vont être terribles, il n'est pas normal, non, qu'on laisse tranquilles ces évadés fiscaux; alors qu'on les connait, en plus, banques (!), multinationales, GAFA, et autres multimilliardaires! Puisque nous sommes en guerre, des mesures exceptionnelles s'imposent!
D''autre part, il faut savoir qu'en ce moment-même, les transactions financières vont bon train, nombre de spéculateurs profitent de la crise et réalisent des profits juteux, en ce moment-même, en spéculant, entre autre, sur les dettes des pays! Cela est indécent et ne devrait pas être possible!
Les taxes sur les transactions financières, demandées depuis des décennies par des organisations comme ATTAC n'ont jamais pu être vraiment mises en oeuvre, même à de faibles taux (0,2%), avec , comme principale objection, le risque de perte d'attractivité pour les places financières qui la mettraient en place; mais ici, l'argument ne tient plus, puisque la crise est mondiale,, tous les Etats sont dans les mêmes difficultés, et une TTF mondiale serait d'une grande aide pour tous; elle pourrait, grâce à des taux adaptés aux besoins,sauver des Etats de la faillite. Cela permettrait aussi de freiner la spéculation, et à terme, par la mise en place de différents taux de taxation suivant la nature plus ou moins nocive ou utile de la transaction, on pourrait réguler la Finance et la rendre vertueuse!
Des banques éthiques devraient être crées, évaluées par des notations dépendantes de la nature de leurs investissements, pour favoriser des projets de développement durable répondant aux besoins sociaux et environnementaux, et non ceux de rentabilité maximum.
La particularité de cette crise du coronavirus est qu'elle est mondiale, et qu'elle laisse tous les pays, riches ou pauvres, dans les mêmes difficultés. Difficultés plus ou moins aigües , car les pays où les protections sociales sont faibles ou absentes ( USA en cas de perte d'emploi), où l'économie est en grande partie informelle ( comme l'Inde ou de nombreux pays du Sud) risquent de souffrir énormément et peut-être basculer dans de profonds désordres sociaux. Nous devons faire preuve de solidarité internationale et mutualiser les moyens financiers permettant, par exemple, d'assurer un revenu universel à toutes les populations privées de leur activité, suite à l'arrêt de l'activité économique.
Nous sommes finalement tous dans le même bateau, cette crise préfigure ce qui nous attend si nous ne nous préoccupons pas de l'état de notre planète; nous avons quelques années pour décider du cours des choses, nous ne devons plus laisser la finance débridée, à coup de transactions "haute fréquence" ou autres dictées par des algorithmes à la recherche du profit immédiat maximal, nous entraîner dans une spirale infernale et ruiner l'avenir de l'humanité.
Mais heureusement les hommes sont aussi doués d'intelligence et de sagesse, puissent nos décideurs en faire la preuve! L'occasion leur en est donnée, maintenant!
A. Fradin