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A la veille des célébrations du bicentenaire de son indépendance, le Pérou traverse une grave crise politique et sociale qui a débuté le 9 novembre. Le pays a été l'un des plus touchés du monde par la pandémie de covid-19. Celle-ci a frappé non seulement la santé mais aussi la condition de vie de millions de Péruvien·nes. Dans ces circonstances et à seulement cinq mois des élections présidentielles et législatives, le Congrès - qui compte des dizaines de ses membres compromis dans des affaires de corruption - a décidé de mener à terme la procédure de destitution du président Martín Vizcarra, mettant ainsi en danger la stabilité politique du pays. Après avoir démis Martín Vizcarra de ses fonctions, le président du Congrès, Manuel Merino, a assumé la présidence de la République de manière autoritaire, jusqu'à sa démission ce dimanche 15 novembre. Dans ces circonstances, des milliers de Péruvien·nes sont sortis dans les rues pour demander un gouvernement désigné légalement et démocratiquement. Le président Merino et son gouvernement, au lieu d'écouter la clameur populaire, ont répondu de manière autoritaire et répressive. En six jours de manifestations, la violence policière a déjà coûté la vie de deux jeunes, laissé des centaines de blessé·es et une dizaine des personnes disparues.
En tant que chercheur·es travaillant sur des thématiques liées au Pérou et à l'Amérique Latine, ainsi que Péruvien·nes du monde universitaire français, nous nous opposons à tout type d'actions antidémocratiques et de violence contre la population du pays qui se mobilise de manière pacifique pour un futur meilleur. Nous ne soutenons pas le président Manuel Merino qui a quitté ses fonctions le dimanche 15 novembre et qui doit encore répondre pour la mort des deux victimes, ainsi que pour la violence perpétrée par la police sous ses ordres. Nous enjoignons toute la classe politique péruvienne à participer et veiller à ce que le système démocratique du Pérou, fragilisé par cette crise, se maintienne debout et que l'on puisse organiser pacifiquement et dans la légalité les élections prévues en avril 2021.
Notre soutien va aux manifestant·es qui font usage de leur droit à manifester ainsi qu'aux familles endeuillées par la perte de leurs enfants durant les manifestations. Le Pérou et nous-mêmes sommes en deuil et faisons un appel aux organisations internationales, universitaires et aux médias de communication français pour qu'ils se solidarisent avec le Pérou. Nous demandons aux professeur·es et universitaires de diffuser ces informations, notamment dans leurs cours, séminaires ou autres activités scientifiques.
En tant que chercheur·es en lien avec le Pérou et l'Amérique Latine, nous avons la responsabilité de soutenir le peuple péruvien avec lequel nous avons un engagement universitaire et éthique. Nous vous invitons à signer et partager ce communiqué dans vos réseaux personnels et professionnels. Vous pouvez également faire des dons aux Brigadas de Salud qui aident les manifestant·es blessé·es: Brigada Médica Lima, Primeros auxilios marchas et Apoyo 1 Línea Perú.
A travers ce communiqué, nous espérons contribuer au respect des droits humains au Pérou et à fortifier la démocratie péruvienne.
France, le 15 novembre 2020.
Signataires:
Sharie Neira Rios, Université de Paris
Ana Vanessa Valenzuela, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3
Lissell Quiroz, CY Cergy Paris Université
Rosa Muriel Mestanza García Godos, Université de Paris LCSP-CEDREF
Jules Falquet, Université de Paris
Artemisa Flores Espínola, Université Paris Est Créteil/LIRTES
Juliette Roguet, Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine (IHEAL)-CREDA
Kyra Grieco, EHESS - LISST/CAS
Raoul Maïwenn, IHEAL
Maud Delevaux, Université Paris Nanterre
Josefa Mora, Université Paris 8 Vincennes
Carmen Minchan-Benard, AmaruArt-Europe
Mónica Cárdenas Moreno, Université de la Réunion
Carlos Estela-Vilela, Université Bordeaux Montaigne
César Itier, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Maïlys Lanquy, Paris 3, IHEAL-CREDA
Nadege Guilhem, Université Toulouse Jean Jaurès
Valérie Fonné, IHEAL
Maud Yvinec, Université Paris 1
Paulina González Geisse, Université de Paris
Morgana Herrera, Université Toulouse Jean Jaurès
Diana Burgos-Vigna, Paris Nanterre Université
Charlotte Cumer, Université de Paris
Jimena Sierra Andrade, EHESS
Tania Romero Barrios, Université Paris 8, LER - INALCO, CERLOM
Diego Trelles Paz, écrivain
Alvar de la Rosa, Universidad Lyon 2
Claudia Rivera, Université Paris 8 Vincennes Saint Denis
Paul Baudry, CPGE Lycée Lakanal
Paulina Lasota, Sorbonne Nouvelle
Maïwenn Raoul, IHEAL
Cristina Castellano, Université Paris 8, Universidad de Guadalajara
Sophie Large, Université de Tours
Anaïs Vidal-Jaumary, IHEAL-CREDA, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3
Rosmeliz Alva Zapata. Université Bordeaux Montaigne
Françoise Aubes, Université Paris Nanterre
Lise Segas, Université Bordeaux Montaigne
Arthur Morenas, Université de Strasbourg
Ludivine Tomasso, Université du Québec à Montréal
Laura Henry, IHEAL-CREDA
Carolina Cordova, EHESS, Paris
Anouk Guiné, Université Le Havre Normandie, Red Iberoamericana Resistencia y Memoria (RIARM)
Ombelyne Dagicour, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Michèle Guillemont, Université de Lille
Olivier Compagnon, Université Sorbonne Nouvelle, IHEAL
Franck Gaudichaud, Université Toulouse 2-Jean Jaurès, FRAMESPA
Yolande Rigault, Présidente du CECUPE (Centre Culturel Péruvien de Paris)
Jean-Michel Rodrigo, documentariste
Samantha Faubert, Université Le Havre Normandie
Hélène Roy-Labbé, Université de Poitiers
Nadia Tahir, Université de Caen
Juan José Carrillo Nieto, Paris 1-Panthéon Sorbonne
Pour signature et diffusion: