Depuis le Groupe de Travail CLACSO Mémoires collectives et pratiques de résistance, nous condamnons la répression indiscriminée des mobilisations sociales de la part du gouvernement de Dina Boluarte depuis décembre 2022. Dans le contexte de la répression, à ce jour, policiers et militaires ont tué 48 personnes. De la même manière, la persécution politique s’exerce contre ceux et celles qui exigent la démission de la présidente et la convocation à une assemblée constituante afin d’élaborer une nouvelle constitution pour le pays.
Le 12 février 2023, sept dirigeant.es du Front de Défense du Peuple d’Ayacucho (FREDEPA) ayant participé aux manifestations contre le gouvernement actuel, ont été arrêtés et envoyés à la Direction contre le terrorisme (DIRCOTE), faussement accusés d’être terroristes.
Le 15 février, six d’entre eux ont été condamnés à 18 mois de prison préventive pour appartenance à Sentier Lumineux, accusation ampoulée qui manque de sens dans la mesure où les actions subversives de ce groupe ont cessé depuis plus de 20 ans.
Les seules preuves avancées par le procureur sont des actions en faveur d’une assemblée constituante, la demande de démission de Boluarte, et la participation de plusieurs accusés, en tant que conférenciers, au colloque international « Violence d’État au Pérou : Du conflit armé interne à la Génération du Bicentenaire » (3-6 août 2022), fruit d’une convention entre l’Université Le Havre Normandie et l’Association des Familles de Séquestrés, Détenus et Disparus du Pérou (ANFASEP), Ayacucho, en co-organisation avec notre Groupe de Travail CLACSO et autres universités de la région.
Créé en 1966, soit quatorze ans avant le début du conflit armé interne au Pérou, le FREDEPA représente de nombreuses organisations populaires à Ayacucho.
L’accusation du procureur est un attentat contre la liberté de pensée, d’opinion, le libre exercice de l’activité académique, et le droit à la participation politique.
Nous condamnons fermement le fait que l’Etat péruvien criminalise la protestation sociale, et persécute et emprisonne des citoyens et citoyennes pour leurs idées.
Nous lançons un appel aux secteurs progressistes péruviens et internationaux, en particulier aux organismes de droits humains, aux organisations féministes et aux universitaires et intellectuels, pour qu’ils/elles se prononcent sur la criminalisation des dirigeants sociaux d’Ayacucho, et refusent la persécution politique et la délégitimation de la protestation à travers la diffamation (terruqueo) des activistes et mouvements sociaux.
Le 22 février 2023
Groupes de Travail CLACSO
Mémoires collectives et pratiques de résistance
Ce texte exprime la position du Groupe de Travail Mémoires Collectives et Pratiques de Résistance et pas nécessairement celle des centres et institutions du réseau international de CLACSO, son comité de direction ou sa présidente.

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