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Billet de blog 19 août 2017

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D’être vivants pour les morts. D’être des survivants...

Jamais le juste compte, la bonne addition. Compter, compter les morts, pour le vivant oublier. Ces morts, à toi, à moi. Non pas le mien, le tien. Dans la mort, à égalité ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

D’être vivants pour les morts.

D’être des survivants.

Eh bien non. Ça n’est pas supportable.

Que nos enfants. Oui. Nos enfants.

Les leurs, les nôtres.

Les leurs.

De ces autres que vous ne connaissez pas.

Que vous ne voulez ou ne pouvez pas connaître.

Que vous ne connaîtrez pas.

Jamais. Trop tard.

Voulez-vous la liste ?

Voulez-vous les pays ?

Voulez-vous les origines ?

Voulez-vous vraiment ?

A tant aimer les chiffres, il n’est pas sûr que vous en supportiez le détail, la liste détaillée.

L’aveuglement et le déni sont bien plus supportables.

Momentanément.

L’après. L’après.

Oui. Il y aura un après.

Et cet après risque d’être bien plus insupportable à entendre, à digérer.

Si vous êtes encore là.

Les nôtres. Les enfants. Nos enfants.

Ceux qui auront résisté, qui auront survécu.

Après nous.

Qui seront un jour, à porter cette lourde conscience de votre inconscience, de notre inconscience.

D’entendre, de lire, toutes ces commisérations,

Commémorations de milliers et de milliers de morts.

D’enfants.

Il n’y aura pas assez de cimetières pour ces enfants-là.

Pour se souvenir de ces enfants-là.

Et les chiffres, en milliers de milliers n’y suffiront pas

De ces crimes d’humanité, se souvenir.

Pour comprendre, apprendre, entendre ces horreurs là.

Manque d’oxygène ? Armes empoisonnées ? Eau refusée ? Abris dévastés ? Corps mutilés ? Violés ? Noyés ? Broyés…

D’une image l’autre, en violente indécence, les morts, à peine énoncés, s’oublient et ne se voient pas.

Qui, dans ce trop plein d’horreur, pourrait encore penser, sentir, se révolter ?

Ces misères, ces drames, que l’on ne peut plus accepter, supporter.

A trop voir, ne plus savoir.

Trop loin ? Oh ! Oui. Beaucoup trop loin.

Un loin qui s’approche.

De mort et de confusion.

Invraisemblablement, inconséquemment, cyniquement.

Les chiffres, les nombres, en nombre impossible à quantifier.

Mais si intéressants à énoncer.

Pitoyable et infernale machine à calculer.

Tourne, tourne, la machine à comptabiliser.

De l’argent, de l’or, noir ou blanc ou jaune.

Aux corps, noirs ou blancs ou jaunes ou bleus ou verts.

Quelle différence ? L’important, c’est de compter.

Je ferme les yeux. Je ne veux plus entendre. Je ne veux plus savoir. Je ne veux plus voir.
Si. Vous voyez. Vous savez.

Vous obéissez à cette insupportable lâcheté ?

Les comptes vous sont donnés.

Misérable et indécente comptabilité.

Est-ce bien sûr…

Insidieux poison des discours

Au rythme des mortelles randonnées guerrières,

Internes, externes, locales, nationales, internationales…

L’étrange et fascinant remplacement aura-t-il lieu ?

A inventer, à supputer les conséquences

De ces effroyables multiplications du genre humain,

De continents en perpétuelle et indécente reproduction ?

Outrance, arrogance, défiance, délires obsessionnels

Cynisme de la fiction, jouissance de la perversion

Ouvrir les yeux

Sur cette irresponsable course à la destruction.

Les maîtres du monde ? Les inventeurs du monde ?

Ceux qui le pensent, ceux qui le croient, ceux en qui vous croyez ?

D’un cauchemar, il serait temps de se réveiller.

Pour ne pas qu’un jour, la peur, de ces funestes visions,

Cherche et trouve, trop tard, trop tôt,

La terreur, la vraie, en justifications.

D’être vivants pour les morts. D’être des survivants.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.