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Ces derniers jours, j’ai regardé sans commenter la révolte qui a suivi le meurtre de Nahel.
J’ai regardé de loin notre pays.
Je me suis demandé quand tout cela avait vraiment commencé et j’ai retrouvé ces mots de février 2003, il y a plus de 20 ans, d’un certain Nicolas Sarkozy en visite dans un commissariat de Toulouse :
« Le travail de prévention que vous faites est très utile mais vous n’êtes pas des travailleurs sociaux. Organiser un match de rugby pour les jeunes du quartier c’est bien mais, c’est pas la mission première de la police (…) la mission première de la police : l’investigation, l’interpellation, la lutte contre la délinquance »
Ce n’est qu’un exemple dont nous voyons la violence des effets aujourd’hui. Les puissants détruisent méthodiquement chaque once de vivre ensemble : de l’association des mères d’un quartier de l’Oise privée de financements aux postes de ces travailleurs sociaux de Nancy sans cesse réduits. Ils abîment chaque once de la République sociale, ses liens sociaux et ses services publics si patiemment bâtis pour le bien commun.
Je me suis demandé de quel côté était la haine aujourd’hui et j’ai vu c’est que les mots de haine et l’esprit de sédition étaient en boucle à la télé, dans les journaux, du côté des forts. Du côté des possédants et d’une élite qui a cru que toujours elle pourrait accumuler encore plus de richesses sans jamais rendre de comptes aux autres.
Les autres c’est nous toutes et tous : femmes ou racisés, salariées ou chômeurs, jeunes des quartiers populaires ou travailleuses des campagnes, gilets jaunes ou syndicalistes…
Nous sommes un peu de tout cela et surtout, nous sommes bien plus encore.
Nous sommes la puissance de nos histoires, de nos cultures, de nos différences qui sont, elles, notre vraie richesse.
Nous sommes les résistances, les luttes, les colères et les soulèvements, que nous exprimons de façons spontanés ou organisés et qui ne sont pas tous compris et acceptés de la même manière par chacun d’entre nous.
Mais tous nous subissons les politiques et les actes des voleurs de vies. Dans les rues avec leurs armes ils ont pris la vie de Nahel et de tant d’autres. Au travail avec leurs lois comme celle qui nous impose de travailler deux ans de plus.
Les voleurs de vie sont là.
Et les stigmates de leurs actions ne sont pas, eux, visibles dans nos villages et nos quartiers. Ils sont plus profonds et nous divisent encore et toujours.
Ce sont ces divisions que nous devons dépasser pour que notre France soit belle. C’est consciemment, dans la rue et dans les urnes, que nous reprendrons en main nos vies pour un destin qui n’est que collectif.
On ne construit pas l’avenir avec la haine, on le construit avec de l’amour
On ne construit le futur d’une jeunesse en la violentant et pire en la tuant, on le construit avec de la fraternité.
On ne construit le pays en brulant ses infrastructures essentielles à la vie collective, on le construit avec de la solidarité.
On ne construit pas le vivre ensemble par l’impunité institutionnalisée, on le construit avec de la justice.
Notre avenir est commun, construisons les jours heureux.